Skip to main content

Mordhai Maurice CUDELIMAN convoi 6 par ses fils Jean et Roger CANDAL

Mordhaï-Maurice CUDELIMAN est né le 2 avril 1900 Kichinev, aujourd'hui Chisinau, capitale de la Moldavie.

Je me souviens quand il nous racontait le terrible pogrom de Kichinev. Les enfants avaient été cachés dans la glacière commune de la maison. Il avait fui très jeune Kichinev et il a vécu plusieurs années en Allemagne. Il était d'une famille de neuf enfants dont je n'ai jamais eu de nouvelles. D'après mes souvenirs et les documents retrouvés, il a habité de 1922 à 1932 au 28 rue des Feutriers à Paris 18e.

Après son mariage avec ma mère, Jeanne FELDMANN, le 3 mars 1932, mes parents ont habité jusqu'en janvier 1934, 61 rue de Flandre à Paris 19e. Mon père était tailleur sur mesure. En 1934, ils se sont installés au 223 bis rue du Fg St Antoine dans une boutique au-dessus de laquelle il y avait un logement. Ce sont les jours merveilleux de mon enfance.

Notre maman travaillant dans un bureau, notre père s'occupait beaucoup de nous, je me souviens des beefsteaks qu'il faisait cuire sur le réchaud à gaz du fer à repasser. Nous jouions mon frère et moi devant la boutique, Papa avait tracé à la craie de tailleur, deux Carrés sur le trottoir, c'était notre territoire, il était assis devant la porte, son travail sur les genoux et il nous surveillait.

J'ai dû parler yiddish jusqu'à 3 ans, âge de la maternelle, j’entends encore le son de sa voix dans son « fronçaille » approximatif.

Le bâtiment devant être démoli (actuellement le square en face de l'Hôpital St Antoine) nous avons dû déménager en 1939

Arrivèrent la guerre, la défaite et le statut des Juifs. Les lois antisémites lui interdisant de reprendre un commerce, il trouva un emploi d'ouvrier tailleur et un logement à Cosne s/Loire. Plus tard à Cosne, malgré l'interdiction faite aux Juifs de posséder une bicyclette, il avait trouvé des vélos et il nous apprenait à rouler. Il était très débrouillard, je ne sais pas comment en pleine guerre avec les restrictions que nous subissions, il a réussi à nous rapporter une caisse de figues.

Tout s'est écroulé le 18 avril 1942 le jour de son arrestation. La dernière vision que j'ai eu de mon père, c'était au bureau de la gendarmerie à Cosne. Peu de temps après, on nous a fait passer la ligne de démarcation en train (passeur, quel moyen ? Je ne me rappelle plus). Un paysan est venu nous chercher à la gare de Neussargues dans le Cantal, et nous sommes arrivés à Valuejols, un petit village du Cantal où mes grands-parents maternels étaient cachés depuis 1940. Mon frère et moi avons été cachés dans deux fermes différentes pour garder les vaches jusqu'à la fin de la guerre.

La maison de Cosne ayant été pillée par la police après l'arrestation de notre mère le 21 Février 1944, il ne restait qu'une photo de mon père avec ma mère peut-être le jour de leur Mariage, et une photo des grands-parents paternels avec leurs enfants, dont mon père, photo prise à Kichinev avant 1920.

Après la guerre, nos grands-parents maternels nous ont recueillis. Le frère de ma mère est mort également à Auschwitz. Il ne restait de la famille que nos grands-parents, mon frère et moi. Notre grand-père est mort de chagrin devant les photos de ses enfants.

Nous avons longtemps espéré qu’au moins, notre père reviendrait parce qu’il était fort et débrouillard. La vie a continué malgré tout

Plus d'informations ?

Déportés liés à ce document

Convoi 6

CUDELIMAN Maurice

En savoir plus

Laisser un commentaire