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Convoi 4

Histoire du convoi 4

 

Le 14 mai 1941, 3700 Juifs de nationalité étrangère habitant Paris et sa proche banlieue ont été arrêtés dans les lieux de rassemblement où ils avaient été convoqués « pour examen de sa situation ». Le billet vert qui leur avait été adressé demandait qu’un membre de sa famille ou d’un ami les accompagne. C’est en général ce proche qui a rapporté quelques effets personnels strictement précisés avant le départ des hommes vers les deux camps d’internement ouverts dans le Loiret, à Pithiviers et à Beaune-la-Rolande.

Le 20 janvier 1942, de hauts fonctionnaires du parti nazi se réunissent à Wannsee pour discuter de la mise en œuvre de la solution finale. Suite à cette conférence, la déportation des Juifs de l’ensemble de l’Europe occupée vers les camps d’extermination s’intensifie. En France, les déportations commencent en mars 1942 et atteignent leur apogée à l’été 1942.

En mai 1942, Theodor Dannecker, de la section anti-juive de Paris, rapporte qu’au service des transports ferroviaires en France occupée, le lieutenant général Kohl, l’a assuré de son plein concours pour la déportation des Juifs, dont il souhaite « l’anéantissement sans reste ».

La Wehrmacht prend des précautions sémantiques par rapport à la déportation. Dans un télégramme secret du 13 mai 1942, il est noté qu’il convient d’éviter « envoi vers l’Est ». Il en est de même de l’expression déportation, ce terme rappelant directement les expulsions en Sibérie de l’époque des tsars. Dans toutes les publications et dans la correspondance il faudra employer les termes « envoi aux travaux forcés ».

Le 11 juin 1942, une conférence a lieu à Berlin sous la direction d’Adolf Eichmann, responsable du bureau des affaires juives au RSHA (Reichssicherheitshauptamt, Office central de la sécurité du Reich). Les responsables des services des affaires juives de la Sipo-SD en France, en Belgique et aux Pays-Bas y sont présents. Lors de cette rencontre, les plans préparant la solution finale de la question juive sont mis en place.

Pour obtenir l’effectif de travailleurs nécessaires à Auschwitz, il faudrait déporter des Juifs du sud-est de l’Europe ou des territoires occupés à l’ouest. Les directives spécifient que les Juifs (des deux sexes) âgés de 16 à 40 ans, dont jusqu’à 10% sont inaptes au travail, peuvent être déportés. Pour la France, il est convenu que 100 000 Juifs seraient déportés, à partir des deux zones.

Le 18 juin, Eichmann a demandé à Dannecker de faire connaître immédiatement les gares de départ en suivant l’ordre chronologique. Il répond qu’il y a 2 trains à partir de Bordeaux, 1 d’Angers, de Rouen, de Nancy, de Dijon, et 30 de Paris. Il a insisté sur le fait que les 22, 25 et 28 juin seront mis en route les trois premiers transports. Le 19 juin 1942, l’horaire a été établi.

Dannecker, a confirmé le départ du train 813 de la gare de Pithiviers le 25 juin à 6 h 15. Le chef du transport est le lieutenant de la Feldgendarmerie Kleinschmidt, responsable du train jusqu’à la frontière à Neuburg (Novéant-sur-Moselle).

Ce jour-là, de la gare de Pithiviers est parti le 1er convoi de Juifs de France internés dans le Loiret, à destination d’Auschwitz. Il comprenait 1000 personnes, seulement des hommes âgés de 20 à 54 ans. 937 d’entre eux étaient originaires de Pologne.

Le train pouvait transporter jusqu’à 350 tonnes et rouler à une vitesse de 80 km/h. Il était composé d’une locomotive, d’un wagon-lit et de dix wagons à bestiaux marqués « hommes 40 ou chevaux 8 » Ces wagons étaient plombés. Il devait être prêt sur la plateforme, trois heures avant l’heure prévue de départ. 

Le convoi a probablement emprunté le trajet suivant, une fois qu’il a passé la frontière franco-allemande: Saarbrücken, Frankfurt-Main, Dresden, Görlitz, Nysa, et Katowice avant d’arriver à Auschwitz.

Les conditions de transport, étaient épouvantables. Dans chaque wagon plus de cent Juifs étaient entassés, laissant très peu d’espace pour bouger. Chaque fois que le train s’arrêtait, les déportés suppliaient pour obtenir de l’eau et personne n’accepta de leur venir en aide.

Dans un wagon, un petit groupe de déportés décida de s’échapper du train. Leurs infortunés compagnons, craignant les mesures de représailles des Allemands, empêchèrent leur tentative d’évasion.

Après un voyage de trois jours, les déportés arrivèrent de nuit le 27 juin à la gare d’Oświęcim, puis à Auschwitz par ce que l’on appelait la Judenrampe située à mi chemin entre Auschwitz et Birkenau. Ils devaient faire environ 1 km à pied pour rejoindre l’entrée principale du camp de Birkenau et son sinistre porche surmonté d’une tourelle 

Ils furent assaillis par des soldats et des chiens hargneux qui les dirigèrent à l’intérieur du camp. Tous les hommes furent assignés à des travaux forcés et ont été tatoués sur le bras gauche. Les numéros du convoi 4 allaient de 41773 à 42772.

Sur les 1000 déportés, 80 sont revenus.

 

Sources Yad Vashem et Serge Klarsfeld.