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Courte biographie de Marcel Sztejnberg, fils de Nysen et Bajla Sztejnberg convoi 6 et 16

Je m'appelle Marcel Sztejnberg. Je suis né à Paris en 1937, dans une famille juive originaire de Kaluszyn, une petite ville de Pologne, proche de Cracovie. Mes parents, Nathan (Nysen) et Berthe (Bajla), avaient fui l'antisémitisme polonais pour venir s’installer à Paris en 1933. Mon frère Henri est né en 1934, moi trois ans plus tard. Nous vivions rue de Saintonge, puis rue Charlot, dans un quartier de Paris: le Marais. Mon père était tailleur, ma mère l’aidait. Nous parlions yiddish à la maison.

Mais tout s’est effondré avec la seconde guerre mondiale. En mai 1941, mon père a été arrêté lors de la rafle du « billet vert » et interné dans le camp de Beaune-la-Rolande. Le 17 juillet 1942, il est déporté à Auschwitz par le convoi n°6. Il n’en est jamais revenu. Un mois plus tard, le 16 juillet, ma mère, mon frère et moi sommes arrêtés à notre tour, lors de la rafle dite du Vel d’Hiv. Nous avons également été internés dans le camp de Beaune-la-Rolande. Ma mère a été déportée le 7 août par le convoi n°16, puis mon frère le 18 septembre par le convoi n°34. Tous deux ont été assassinés à Auschwitz.

J’ai survécu uniquement parce que j’étais atteint de la scarlatine et transféré à l’hôpital Claude Bernard.

Et c’est grâce au courage de ma tante Léa et à l’aide d’une voisine, que j’ai été sauvé clandestinement et placé dans une ferme à Saulty, dans le Nord. J’avais un faux nom, Charlot Lemaire. J’y suis resté deux ans, caché avec ma cousine Charlotte. Ce furent des années difficiles, mais j’étais en vie.

À la Libération, je suis revenu à Paris. J’avais 7 ans, orphelin, hébergé par ma grand-mère Bryna et mon oncle Charles qui est devenu mon tuteur. J’ai été ballotté dans plusieurs foyers d’enfants juifs orphelins : Andrésy, Le Mans, Aix-les-Bains… Je faisais tout pour m’accrocher, mais j’étais instable, blessé, incapable de rester assis à une machine à coudre comme le voulait la tradition familiale. Finalement, je suis devenu coupeur chez un cousin éloigné. En 1956, je me suis marié avec Marie Reine. Ensemble, nous avons eu trois fils : Alain, Éric et Xavier.

J’ai travaillé durement pendant plus de 40 ans dans la confection, dirigeant mon propre commerce avec ma femme.

Ce n’est qu’après ma retraite en 1997 que j’ai commencé à reconstruire ce que j’avais perdu : ma mémoire.

J’ai mené des recherches acharnées sur ma famille disparue. J’ai découvert des documents dans les différentes archives, visité Auschwitz avec mes enfants et petits-enfants, participé à des cérémonies de commémoration.

En 2002, j’ai fondé une association pour retracer l’histoire du convoi n°6, celui qui a emporté mon père. J’ai lu des livres, rassemblé des témoignages, j’ai voulu comprendre, transmettre, redonner des noms et des visages à ceux que les nazis ont voulu effacer.

Aujourd’hui, je suis le seul survivant de ma famille proche. Mais je ne suis pas seul. J’ai trois enfants, plusieurs petits-enfants et arrière-petits-enfants. Une belle revanche sur l’Histoire. Ma quête de mémoire est un devoir, une nécessité, un acte d’amour envers mes parents et mon frère qui ont été assassinés parce qu’ils étaient Juifs.

Je leur dois de ne pas les oublier.

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