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Témoignage sur Jacques Isaac Haïm LEON convoi 6 par sa nièce Evelyne Lagardet

Jacques est l’oncle que je ne connaîtrai jamais. Déporté à l’âge de 22 ans, il m’a été volé.

Mon grand père Bohor Léon avait trois enfants, mais un seul fils, il ne se remit jamais de sa disparition.

Jacques est né le 16 mars 1922 à Paris. Déporté à Auschwitz le 17 juillet 1942.

Jacques et sa sœur Régina (ma mère) prirent le train à Paris pour se rendre en zone libre mais ils furent pris à Orthez et ne purent franchir la ligne de démarcation. D’abord emprisonnés à Mérignac avec des communistes et des Espagnols, ils furent ensuite transférés à Monts au camp de La Lande en Touraine. Jacques y rencontra une jeune fille, Fanny Moskowicz dont il tomba follement amoureux. Tous deux décidèrent de se marier.

Régina réussit à s’enfuir grâce à son fiancé qui l’attendait à l’extérieur et au silence d’un gendarme français. Elle était la secrétaire du camp. Elle proposa à Jacques de la suivre, mais il s’y refusa pour rester avec Fanny.

J’ai retrouvé dans les documents de la famille une attestation datée de 1957, émanant du « Ministère des anciens combattants et victimes de guerre », il s’agissait de l’« acte de disparition » de Jacques. La sémantique administrative était ainsi chargée de réduire sa mort à une simple volatilisation.

On déporta Jacques à la dernière minute, « sans ordre d’internement ». La préfecture du Loiret s’étant aperçue qu’elle n’avait pas réuni le quota demandé, sans doute un interné décédé, elle l’envoya pour faire nombre.

Il me reste de Jacques une photo et deux courriers envoyés à son père lors de son internement. J’en cite ici quelques extraits :

« J’aurais tant voulu vous présenter Fanny. Je suis sûr que vous l’auriez aimée comme votre propre fille. Je crois que le mariage se fera le 5 juillet (date de l’anniversaire de Fanny) car les démarches vont prendre un peu de temps. Aussitôt fixés, nous allons faire en sorte de vous obtenir une permission pour le mariage. Je crois que je vous ai dit qu’il y aura une cérémonie religieuse.

Tu ne peux pas savoir comme je suis impatient de vous voir et de vous embrasser. Depuis huit mois déjà. Je crois que nous n’avons jamais été séparés si longtemps Je te remercie encore une fois de ce que tu fais pour moi et j’espère pouvoir te prouver ma reconnaissance en te rendant heureux et fier de moi.

Je serai ton bâton de vieillesse, comme tu me disais quand j’étais petit. Mais d’ici là, nous avons le temps.

Je t’embrasse de tout cœur,

Ton fils, Jacques »J’ai vainement cherché à joindre les survivants de la famille de Fanny Moskowicz (trois filles et un garçon se trouvaient internés en même temps). Peut-être liront-ils mon témoignage.

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Un commentaire

  • AISENE Laurence dit :

    Bonjour Je suis une nièce de Fanny Moszkowicz, déportée à Auschwitz par le convoi n°8, qui était fiancée à Jacques Léon. J’ai appris récemment ces fiançailles et j’ai de nombreux documents sur la famille Moszkowicz qui a été décimée durant la guerre (6 enfants sur 11 assassinés à Auschwitz). Je viens de lire le témoignage de la nièce de J Léon, Mme Evelyne Lagardet, qui m’a bouleversée. Merci de prendre contact avec moi. Laurence Aisene

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