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Témoignage sur Simon Zelcer convoi 6 par sa fille Estéra Zelcer

Mon père, Simon Zelcer, est né le 1er mars 1906 à Koszary en Pologne. Il est arrivé en France en 1930. Il était le père de six enfants Paulette, Estéra, Pinchas, Bernard, Simon, Felix-Georges.

Il fut arrêté par la police française le 14 mai 1941. Il a été interné au camp de Pithiviers, puis déporté à Auschwitz avec le convoi n° 6 en date du 17 juillet 1942.

A l'époque, nous habitions, ma sœur, mes quatre frères et moi-même au 135 rue Clignancourt, et 2, passage Krasher (même immeuble) à Paris I8e, où nous dûmes nous cacher (le garage en bas de notre immeuble étant occupé par les Allemands).

Nous avons été obligés par la suite de quitter notre domicile et avons été recueillis dans un foyer juif se trouvant rue Lamarck à Paris 18e.

De là, mes quatre frères ont été placés séparément dans des familles catholiques à la campagne.

Ma mère, ma sœur et moi-même avons été cachées par une famille parisienne. Les voisins de l'immeuble ne savaient pas que nous étions juives et c'est alors que j'ai réellement saisi le sens de la vie clandestine.

Bien qu'intéressée par les études, j'ai dû les interrompre et travailler en cachette, pour nous permettre de manger et de subvenir à nos besoins. Notre mère parlant mal le français, il lui était difficile de sortir.

J'étais parfois obligée de prendre les transports en commun en cachant mon étoile jaune, je n'étais pas française et trop jeune pour avoir des papiers d'identité (je figurais sur le passeport polonais de ma mère). C'est par une chance inouïe que nous avons échappé aux rafles.

Les deux visites effectuées au camp de Pithiviers pour voir mon père (à travers une lucarne) et lui apporter quelques vivres (sans l'assurance qu'elles soient distribuées) resteront à jamais gravées dans ma mémoire.

Je me souviens encore de l'attente angoissante et interminable à l'hôtel Lutetia, où nous espérions tous apercevoir notre père parmi les visages terreux et faméliques des déportés qui revenaient des camps dans un état indescriptible, enfermés dans un mutisme qui révélait l'indicible. J'ai compris alors que je ne reverrai plus jamais mon père, mais je voyais l'horreur.

Pour une enfant à l'aube de l'adolescence, ce fut une destruction: plus de père, la cellule familiale était brisée. Les cicatrices ne se sont jamais entièrement refermées.

J'ai une fille mariée qui a réussi professionnellement, un petit-fils merveilleux et ils semblent vivre heureux en France malgré les meurtrissures indélébiles.

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ZELCER Simon

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