Deux photos et quelques anecdotes sont tous les souvenirs qui nous restent de notre grand-père David Grynszte(a)jn emprisonné à Pithiviers le 14 mai 1941, puis déporté à Auschwitz le 17 juillet 1942 par le convoi numéro 6.

La difficulté de nos parents (les deux aînés, mon oncle et ma mère) à parler de cet épisode de leur vie a laissé tous les petits-enfants devant une page quasiment blanche.

Ce petit récit est donc l'agrégat des quelques souvenirs recueillis et de recherches complémentaires.

Mon grand-père David est né le 7 septembre 1902 en Pologne à Kozienice entre Lodz et Lublin. Il est arrivé à Paris en 1925 avec toute sa famille, ses parents, Menachem et Tauba Chaja, et ses quatre frères et sœurs.

Il a rencontré ma grand-mère, Dora Jagoda, Juive venue elle aussi de Pologne avec laquelle il a eu quatre enfants.

Cordonnier de profession, ils vivaient avec leurs quatre enfants dans un minuscule deux-pièces au 74 rue Julien Lacroix dans le 20e arrondissement de Paris, cet appartement où vivait encore ma grand- mère à la fin de sa vie.

En 1939, David s'est engagé avec son frère Michel dans l'armée française. Démobilisé, c'est de Paris qu'il a été envoyé à Pithiviers après la rafle du billet vert. Revenu lors d'une permission, il a refusé  de s'évader ainsi que l'incitait ma grand-mère afin,  disait-il, qu'elle et les enfants ne soient pas inquiétés.

Alors que le convoi numéro 6 est parti de Pithiviers pour Auschwitz, ma grand-mère et ses quatre enfants ont échappé de justesse à la rafle du Vél’ d'Hiv. Elle s’est enfuie avec une belle-sœur en Bretagne, près de Fougères où ma mère, ses frères, sa sœur et ses cousins resteront cachés jusqu'à la fin de guerre.

David est décédé à Auschwitz le 4 septembre 1942, quelques jours avant son 40e anniversaire.