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Récit sur la famille Khoutman, Henri et Marcelle Bagault, Justes parmi les Nations

Gdalia Khoutman, née le 28 janvier 1902 à Kalouachim (Pologne) et son épouse Etia née Vinocour, le 3 avril 1907 à Poltava (Russie) ont fui les pogroms en Pologne et aboutissent à Courtalain en 1936 avec leur petit Roland de 4 ans, né en 1932. Ils habitent 19, place Aristide-Briand à Courtalain. Marchands sur les marchés, ils étaient bien connus dans la région, y compris à Châteaudun.

Lorsque survient la guerre, Gdalia Khoutman est obligé de pointer chaque semaine auprès des services allemands à la sous-kommandantur de Châteaudun.
Il est arrêté le 25 juin 1942, interné au camp de Beaune-la-Rolande et déporté sans retour vers Auschwitz le 28 juin 1942 par le convoi n° 5 qui transporte 1004 hommes et 34 femmes et dont ne reviendront que 55 survivants à la libération.

Etia Khoutman décide de passer en zone dite "libre" avec Roland. Etia et Roland habitaient 19, place Aristide-Briand, devenue place Charles-de-Gaulle, et les Bagault* au n° 20. Elle confie sa marchandise à plusieurs voisins : les Baron qui tiennent le Café de deux places, la marchande de volaille d'en face et les Bagault.

Le 10 juillet 1942, à l'heure du laitier, les Allemands viennent arrêter Etia Khoutman, alors qu'elle avait planifié son départ vers la zone libre la veille. Etia sera déportée sans retour du camp de Pithiviers vers Auschwitz le 17 juillet par le convoi n° 6 avec 809 hommes et 119 femmes dont ne reviendront que 45 rescapés à la libération.

Henri* et Marcelle Bagault* habitent Courtalain. Ils ont deux filles, Simone et Jacqueline, âgées de 20 et 22 ans. Ils ont longtemps tenu le Café des deux places. Henri* est depuis marbrier sculpteur et s'occupe de l'entretien du cimetière de Courtalain. Marcelle*, elle, confectionne les couronnes mortuaires. Tous deux veillent sur le cimetière municipal.

Etia avait juste eu le temps de confier son fils, Roland, à Henri* et Marcelle Bagault*. Henri*, Marcelle* et leurs deux filles, Simone et Jacqueline, accueillent Roland et vont lui sauver la vie.

"J'avais reçu des consignes", se souvient Roland. "De l'école je pouvais voir la maison. Si une voiture allemande y était stationnée, je devais alors me rendre chez une amie des Bagault, à Saint-Pellerin. L'instituteur était de mèche. Nous étions tout le temps sur nos gardes..."

Inquiets, les Bagault* prennent contact avec une tante du petit Roland réfugiée sous une fausse identité à Nogent-le-Rotrou. Elle comprend aussitôt la situation et évacue le garçon à Champigny où il finira par vivre les heures de la libération.

"Les Bagault ne m'ont pas seulement hébergé ; ils m'ont entouré de toute leur affection", témoigne Roland Kouthman, soixante-six ans après les faits.

Roland est avec Jacqueline et sa famille, en vacances au ski, quand ils ont appris le décès d'Henri* en février 1971. Marcelle Bagault*, elle, qui avait assisté notamment à son mariage, mourra en 1987. "Ils étaient mes parents d'adoption. Cette médaille, c'est mon devoir de mémoire, de reconnaissance !"

Le 6 février 2008, Henri et Marcelle Bagault ont reçu la médaille de Justes parmi les Nations.

 

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