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Mikulas Strompf convoi 4 raconté par son fils Raymond Strompf, transcription de vidéos par Camille Barbance, Geoffroy Jung et Kevin Pacurar élèves du lycée Claude Nicolas Ledoux de Vincennes

Mikulas Strompf convoi 4 raconté par son fils Raymond Strompf, transcription de vidéos par Camille Barbance, Geoffroy Jung et Kevin Pacurar élèves du lycée Claude Nicolas Ledoux de Vincennes

Vidéo sur youtube 1 : https://www.youtube.com/watch?v=8j36pndLVaE

Un des autres oncles, celui qui était horloger, qui habitait dans le quartier des Halles, rue Jean Jacques Rousseau, a été arrêté au moment de la grande rafle, conduit à la Préfecture de police dans une salle où ils étaient au moins 500, ils ont été interrogés un par un ; il s’est trouvé devant des SS on lui a posé tout un tas de questions. Ils ont essayé de recouper comme ils étaient d’origine hongroise et qu’il avait un léger accent. Puis, à la fin, on lui a dit « Sortez ! ». Il a passé la porte et là il y avait deux agents de police qui portaient une pélerine. On appelait ça des hirondelles qui étaient là assis. Et en face de lui, il y avait trois portes. Il met la main sur une poignée et une des hirondelles lui dit « non pas celle-là ». Et l’autre agent de police à côté, lui donne un coup de coude et lui dit « Laisse le ». Finalement, il a pris la porte qui était devant lui et il est sorti dans la rue. S’il avait pris l’autre porte, celle normalement prévue, il se retrouvait dans la cour où il y avait les camions, et voilà. Et en plus, il est retourné chez lui, rue Jean-Jacques Rousseau et il est resté là tout le restant de la guerre sans être inquiété parce que sur les registres de la Gestapo, il était marqué comme déporté donc on ne l’a jamais recherché. J’ai vu ses papiers. Il s’est retrouvé dans la résistance et la Libération de Paris

Vidéo sur youtube 2 : https://www.youtube.com/watch?v=trpgTxqVg64

Ma mère a été arrêtée le 16 juillet 1942 au moment de la grande rafle du Vel d’Hiv. Et elle a été directement conduite à Drancy et de Drancy, j’ai retrouvé trois lettres. Elle est partie de Drancy le 29 juillet et elle est morte le 30 août gazée à Auschwitz. 28 juillet 1942, j’ai reçu le colis, « mes très chers, Je viens vous annoncer la nouvelle que je pars demain matin. Je suis tranquille et calme. Je ne pleure plus. Contre le destin, on n’y peut rien, on ne peut rien faire. Seulement pour toi, mon petit coco, mon seul trésor, je me fais beaucoup de mauvais sang. Mon chéri, obéis bien à ta tante. Sois sage pour ton prochain anniversaire, je te souhaite une seule chose : seulement revoir ton papa et ta maman. Embrasse tous les soirs notre photo. Tu dormiras bien. Ta maman a encore un désir celui de te revoir encore dans la vie. J’espère que vous êtes bien mes chers, ne vous faites pas de soucis pour moi. Faites seulement attention à vous. Tu ne sors pas en ce moment, n’est-ce pas mon petit ? Joue bien à la maison. Amuse-toi seul. Je prie Suzanne. Si un malheur arrivait une fois, on ne sait jamais, qu’elle s’occupe du petit qu’il ne soit pas abandonné. Mais j’espère que ça n’arrivera pas. J’ai gardé encore un espoir de revoir Nicolas. Autrement je suis bien. J’ai reçu votre carte mais malheureusement le colis n’est pas arrivé et je pars sans affaire. Tant pis, il fallait l’envoyer par la rue Chaumont. J’espère que vous avez déjà vu monsieur Bouil et que vous avez fait le nécessaire chez Suzanne. C’était pour un transfert. Vous trouverez le bulletin de naissance de l’enfant et l’acte de nationalité entre mes papiers dans la boîte. Sur le certificat de naissance de Nicolas, il y a une chose qui concerne Gisèle. Faites attention à votre santé. Préparez les vêtements d’hiver. Terminez le tricot et les chemises que j’ai commencé à faire. Mes très chers, espérons qu’on se reverra bientôt. Je vous embrasse vous tous tendrement. Joue bien avec Lili, mon petit Coco chéri. Pense à ta pauvre maman aussi. Au revoir, Rose. ».

C’est la troisième lettre. C’était le 28 juillet. Elle est partie le 29 pour trois jours de train et arrivée à Auschwitz, elle fut gazée.

Mon père a été déporté le 25 juin et elle, elle a été arrêtée le 16 juillet. Est-ce qu’entre temps, elle a eu l’information ? Probablement qu’elle ne savait pas que son mari était déporté.

Vidéo sur youtube 3 : https://www.youtube.com/watch?v=mw-z_vTpD-U

Ma famille est arrivée en 1922 en France. Le premier à venir était Oscar Stein. C’était mon grand-oncle. A l’époque, avec le traité de Versailles et la tentative de mise en place d’un gouvernement communiste en Hongrie qui a été initialisé par Bela Kühn. Mon grand-oncle a fait partie de l’armée rouge hongroise quand le régent Ortiz a pris le pouvoir. Il a été condamné à mort et il s’est donc réfugié en France. Et peu à peu le reste de la famille est venue parce que les conditions de vie devenaient très difficiles. L’autorisation du gouvernement français. Ils ne vivaient pas trop mal. Il y avait un environnement. Je suis né en 35. En 36, mes parents ont fait une tentative de naturalisation et elle n’a pas été acceptée. Mes parents n’avaient pas beaucoup d’argent. En 39, mon père s’est engagé dans la Légion étrangère. Mon oncle était dans un régiment tchécoslovaque en France qui a été interné à Agde. Il a rejoint le maquis du Vercors. Le grand-oncle, le premier arrivé en France a pris tout de suite la clandestinité et a rejoint les FCP de la MOI. J’ai un autre oncle qui a rejoint la Résistance française dans Paris, l’horloger. Les premières années se sont écoulées jusqu’à la démobilisation de mon père car le maréchal Pétain se méfiait de la Légion, donc le régiment dans lequel il se trouvait a été démobilisé. Il a rejoint ma famille qui était à l’époque à l’Ile de Ré parce qu’ils avaient des amis, la famille Voiseau qui nous hébergeait là-bas et mon père travaillait avec ce monsieur Voiseau c’est-à-dire qu’il réparait des matériels dentaires. EN 40 suite à la promulgation du statut des Juifs, mes parents ont été se faire inscrire. C’était quelque chose

à ne pas faire mais on peut le dire avec le recul. Et mon père a reçu le 14 mai 1941, le fameux billet vert. Il a donc été arrêté le 14 mai 1941, conduit à Pithiviers avec une journée de vêtements et de nourriture et il est resté un an à Pithiviers, jusqu’en juin 42 il a été déporté à Auschwitz dans le convoi 4.

Vidéo sur youtube 4 : https://www.youtube.com/watch?v=LLcAX-AgKKs

SI je remonte un peule temps en arrière. On a commencé à porter l’étoile juive en juin 42. Et à ce moment-là dans ma famille on a décidé qu’il fallait protéger les plus jeunes, c’est-à-dire ma cousine, la fille de cette tante qui m’a élevé plus tard et moi. À la suite de mariages mixtes, un femme Rolande, qui était une de mes tantes par alliance, qui n’était pas juive, avait un passeport en règle qui lui permettait de traverser la ligne de démarcation. Début de l’été, un peu après le port de l’étoile juive, on est parti en train avec elle dans la Drôme, pour rejoindre mon oncle qui avait rejoint le Maquis du Vercors parce qu’il y avait là-bas des réseaux de familles protestantes qui cachaient les juifs dans la Drôme à Craie exactement. On m’a placé dans une ferme et ensuite chez des boulangers qui avaient une famille nombreuse et donc pouvait avoir un neveu de plus ou de moins, cela ne se voyait pas. Je suis arrivé là-bas dans cette famille et Paulette Paturel m’a emmené à l’école. Là, j’ai rencontré le directeur qui m’a fait faire un petit test pour voir mon niveau, qui a appelé l’instituteur qui est arrivé. Ils ont discuté ensemble et ils m’ont dit que je ne pouvais pas garder mon nom car mon nom ne sonnait pas français donc on va t’appeler Raymond Paul. Tu gardes ton prénom car quand on t’appellera dans la classe, tu répondras, mais essaie de te rappeler Paul. Ma scolarité s’est bien passée. La famille Paturel, c’étaient des gens charmants, formidables. On écoutait radio Londres. Au moment de la Libération, mon oncle nous a rapatrié et on a vu arriver les camions qui transportaient les résistants. J’ai vu mon directeur et mon instituteur, mitraillettes aux poings et le brassard FFI. J’allais au temple le dimanche matin, j’allais dans un groupe de louveteaux, c’était une belle période car on était très bien admis. Le pasteur dans le temple savait très bien notre histoire. Tous les gens que l’on côtoyait étaient très au courant et ça a duré jusqu’à la fin de la guerre et à la fin de la guerre, on a décidé qu’il fallait revenir dans la région parisienne parce que dans la Drôme, il n’y avait pas de possibilité de survivre. Et là, il y a eu une période très dure qui a commencé : au début on était très heureux de se retrouver entre les survivants : ma grand-tante avait perdu son mari qui a été déporté à Auschwitz également. Les survivants essayaient de vivre mais tous les jours, on allait soit à l’Hôtel Lutetia voir les arrivées de déportés, essayer de reconnaître quelqu’un, soit on allait consulter des listes-je crois que ce sont des listes de la Croix-Rouge-rue de Paradis, derrière la gare de l’est. Deux ans terribles car on n’avait pas de nouvelles et pas d’informations sur les listes et c’était épouvantable. Pour un gosse de 10 ans, parcourir une liste et chercher le nom de son père c’est quelque chose d’épouvantable. Et puis on a reçu l’acte de décès de mon père et ensuite l’acte de disparition de ma mère. Ça a été le début d’une période où il a fallu vivre sans les absents.

Lundi 11 juillet 2022- Interview de Raymond par Julien Blanc

87 ans Né à Paris 14ème arrondissement, né en 1935 hôpital Bodloc.

Qui étaient os parents ? D’où ils venaient, origine, milieu ?

Mes parents sont arrivés en 1925. Ils étaient bien cultivés, tous étaient des professionnels, un métier ils ont demandé l’asile économique. Ils avaient un métier. Ils sont arrivés en 1925. Mon père avait un CAP.

D’où venaient-ils ? Ils sont arrivés de Budapest en Hongrie. Pourquoi ont-ils fui la Hongrie ?

A partir des années 1922, il y a eu le traité de Versailles qui a réorganisé l’Europe centrale et c’était la la Hongrie a été séparé de l’Autriche, fin de l’Autriche Hongrie. Mes parents étaient hongrois. Les communistes ont pris le pouvoir sous Bella Kun. Toutes les Républiques ont combattu ce régime communiste car ils ne voulaient pas revoir de 17 octobre. Ce gouvernement communiste a duré très peu de temps. Peut-être un an. Mon grand-oncle Oscar Stein né à Budapest s’est évadé a traversé l’Europe à pied, en 1923 a demandé l’asile politique. Toute cette famille s’appelait Stein et elle était mal vue par le régent Horthy a pris la direction du pays, et là les juifs et les communistes ont commencé à souffrir. Le grand-oncle, le frère d’une grand-mère, est arrivé en 1923.

Grand-oncle du côté de votre mère, officier ? A l’origine il était officier ?

Il était tailleur à l’origine.

Du côté de ma mère, le milieu social était assez élevé, mon grand-père avait un atelier de couture dans lequel il y avait une vingtaine d’ouvriers à Budapest. Elle s’est installée en France comme couturière à façon.

Les enfants faisaient-ils des études ?

Ma mère avait des frères et sœurs. Oui

Quand le grand-oncle vient en France ? Toute la famille de votre mère va le suivre ?

Du côté de votre père ? Le milieu est très pauvre. Mon père et son frère, deux garçons. Juifs ont très rapidement quitté Budapest car la vie était intenable. Ils ont rapidement quitté Budapest. Mon père : CAP d’électrotechnicien. Et son frère : CAP monteur téléphonique.

Ils ont quitté Budapest et sont partis dans des Provinces où leur mère faisait des ménages à domicile et raccommodé des affaires. Après le découpage des frontières, cette province -là est devenue la Tchécoslovaquie et quand il est arrivé en France, il avait des papiers tchécoslovaques et non hongrois.

Ma mère et mon père arrive en 1925. Ils se connaissaient déjà. Et des grand-tantes et le grand-oncle.

Votre mère vient sans ses parents ; Et son père vient avec son frère et leur maman. Ils s’installent à Vincennes ; Il y avait déjà une communauté juive à Vincennes. Il y avait des associations d’anciens de Hongrie. C’est une langue très difficile à apprendre. Tous ceux qui sont venus en France ont appris à lire et à écrire en français, mais avaient un accent terrible.

Votre père s’installe à Vincennes ? Il travaille tout de suite en 1925. Il travaille comme fabricant de matériel dentaire. Un monsieur qui était le père de cette dame, il achetait le matériel usagé dentaire, il le retapé. Il a monté une entreprise d’artisanat, après les grèves de 1936, acheté et réparé le fameux fauteuil à pédale du dentiste et les équipements : une armoire sur laquelle il y avait les instruments. Ça marchait très bien. Et son frère a trouvé du travail à la Thomson comme monteur téléphonique. Les deux frères habitaient le même immeuble.

Ma mère s’est installée comme couturière à façon et comme elle avait du goût et un joli coup de ciseaux, elle a trouvé très rapidement du travail. Elle faisait des robes sur mesure pour les gens, cela se pratiquait beaucoup.

Ils vivaient bien.

A quel moment ils se sont rencontrés ? Ils ne sont pas arrivés ensemble mais ls se connaissaient ? Ils se connaissaient déjà de Hongrie mais ne sont pas arirvés ensemble. Tous les Hongrois se retrouvaient ensemble le dimanche, sur un terrain cuisinaient, jouaient aux cartes sur les bords de la Marne ?

Avant d’être en ménage avec son père, elle habitait où ? Elle habitait dans la 12ème rue du Rendez-vous. A quel moment ils se sont fréquentés ?

L’entreprise montée par mon pète en 1936.Elle marchait bien.

Ma mère a toujours travaillé chez elle. A -t-elle toujours travaillé avec d’autres employés ? Elle travaillait toute seule. Ils se sont mariés en 1933. Ils ont continué d’habité à Vincennes. En 1934, ils ont fait une première demande de naturalisation qui a été retoqué. Je suis né en 1935. Mon père travaillait avec Monsieur Voizot-Lapraz qui jouait le rôle de commercial. Il vendait à des dentistes. La fille de monsieur Voizot venait me garder et elle a 100 ans cette année.

Mes années d’enfance ?

Mes parents sortaient, faisaient du patin sur le lac et les petits ruisseaux et allait voir les spectacles sur glace, la fille de monsieur Voizot, son surnom « Noisette » venait me garder bébé.

Quand le film « Blanche neige et les 7 nains » est sorti, toute la famille a bloqué deux rangs dans le cinéma quand j’avais 4-5 ans. Les événements ont commencé à se précipiter.

Je vais revenir sur ce qui s’est passé avant la guerre. Votre père avait une automobile ? Un poste de radio ?

Pas d’automobile. Il y a toujours eu un poste de radio.

Comment était votre appartement ?

4ème étage, sans ascenseur, HLM, 45m2, deux pièces, un water dans l’appartement et une cuisine.

A l’époque, HLM, 7 étages, 4 appartements par étage, 2 avec WC, et deux autres appartements se partageaient un WC sur le palier. On l’a conservé même pendant la guerre et même après la guerre.

Elle avait une machine Singer 31 K15 que Victor a longtemps conservée. A l’époque, c’était une machine ultra moderne à pédale. Après la guerre on a mis un moteur

Vos parents parlent quelle langue entre eux ? Ils parlent le hongrois. Mon père parlait le tchécoslovaque, l’allemand, pas le yiddisch. Mes grand-mères parlaient le yiddisch. On était juif mais pas pratiquant. On mangeait n’importe quoi. Il n’y avait pas de règles. On allait pas voir le rabbin mais on se disait juifs.

Mes parents avaient beaucoup d’amis. Il y avait toujours beaucoup de monde à la maison. Ils venaient pour prendre des nouvelles, maintenir un lien mais on avait encore de la famille en Hongrie et on avait de mauvaises nouvelles de nos proches.

Tous ces gens que voyaient vos parents étaient-ils tous juifs ?

Mais il y avait des mariages mixtes. Mais les descendants. Ma femme n’est pas juive. Dans votre immeuble y avait-il d’autres familles juives ? On parle de communauté juive à Vincennes et Montreuil. Ils étaient discrets. Tous cherchaient à s’intégrer. Il n’y avait pas de chômage.

Y avait-il un engagement politique dans votre famille ? Vos parents ?

Cela faisait partie des conversations sans arrêt. Un cousin germain est encore à Budapest, architecte à la retraite.

La politique est un sujet de conversation.

Lisaient-ils des journaux ?

Ma grand-mère lisait un journal écrit en yiddish, le journal rue des rosiers.

Plus tard quand j’avais 14 ans, j’allais souvent livrer le travail et je ramenai à ma grand-mère le journal.

Vos parents aimaient la France ? Mon père à la naissance est allé à la Préfecture (juillet 1927 pour acquérir la nationalité française). Il s’est engagé dans la Légion. Il aimait la France. La France c’était énorme. C’étai de bons professionnels qui se sont installés au rdc et on travaillait, dans la métallurgie, il y avait beaucoup de travail et son arrivée a

Entreprise du père est installée où ?

71 Boulevard Richard Lenoir dans le 11ème. Il y avait énormément d’artisans. Au fond d’une impasse, au milieu : d’un fabricant de souvenirs de Paris, et un homme qui vendait et réparait des batteries. Son atelier faisait peut-être 4m de large et une 12aine de long de profondeur. Il avait des gens qui venaient l’aider.

Comment il livrait ?

Celui qui commercialisait avait les moyens de transports.

1939, la déclaration de guerre ?

Ils étaient inquiets de ce qui se passait en Allemagne. 25000 juifs se sont engagés dans la Légion étrangère et pensaient par ce biais être protégés par la France. Ils faisaient acte de candidature et après des examens physiques, d’attitudes au métier de soldat. Il s’est présenté à la caserne de Reuilly. Pendant toute la drôle de guerre. L’entreprise est alors fermée. Quand les Allemands arrivent à Paris, il est sus les drapeaux. Une des sœurs de ma grand-mère, servait de point de rassemblement des rescapés. On s’est mis à habiter en 40 avec ma grand-mère. Pendant l’exode, on a quitté Paris pour l’Ile de Ré. Avec votre mère et d’autres membres de votre famille on est resté un an de 40 à 41. Toute la famille est retournée à Paris. Lui était à la Légion. Ma mère a fait des papiers pour dire que s’il était

Premier régiment de marche de la Légion a été supprimé par Pétain et mon père a rejoint ma mère à Vincennes. Il a retrouvé la famille à l’Ile de Ré. Elle peut subvenir aux besoins de son époux. Son régiment a été dissous en début 41. Vous revenez à Paris au printemps 41.

Votre père retravaille-t-il ? Probablement.

Après sa libération, le 14 mai 1941, il y a eu une convocation avec la rafle sur les juifs étrangers.

Votre père et votre mère sont allés s’installer à Paris ? Beaucoup de discussion, ils sont allés se déclarés. Ils pensaient que du fait que mon père seraient protégés par le gouvernement français. Il y a eu un certain nombre de combattant, ont eu des privilèges ont été dans des camps moins durs.

Au printemps 40-41 ?

Ecole primaire de Vincennes de 12 classes.

Sentez-vous une hostilité ? Avant ‘l’étoile, toi t’es juif ; victime, insulte ? crispation ? Il y avait une ségrégation. A Vincennes, j’avais des camarades mélangés. Quand on a commencé à porter l’étoile on était très peu à la porter. Dans les jeux ou regroupements en récréation, on se connaissait en tant qu’Hongrois et on restait ensemble.

Rafle du billet vert ? Une demi-page. Je savais qu’il était convoqué au commissariat de police de Vincennes ; Discussion entre eux. Certains qui s’étaient déclarés juifs, la plupart y sont allés.

Mon père y est allé. Ma mère l’a accompagné. Il fallait qu’il emmène des vêtements chauds. Il n’est aps rentré à la maison. Ma mère lui a apporté des vêtements.

Que m’a-t-il dit ?

A Pithiviers, il est resté plus d’un an, il a fait de très beaux objets

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PARENTHESE

Victor a fait une exposition des objets réalisés dans les camps du Loiret le 25 janvier 2008 organisée au Mémorial de la Shoah.

Des milliers d'hommes juifs sont internés avant leur déportation, dans les camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande, à partir de mai 1941. Ils bénéficient d'une organisation matérielle suffisante pour créer un atelier et fabriquer des objets en bois, qu'ils envoient à leurs proches. Publié à l'occasion d'une exposition présentée à Paris en 2008. ©Electre 2023

Lire la Quatrième de couverture

Entre le 14 mai 1941, date de la rafle du « billet vert », et 1942, les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande ont abrité quelques milliers d'hommes juifs qui eurent là, pendant quelques mois, la possibilité de s'organiser matériellement et culturellement jusqu'à leur déportation. C'est ainsi que se mirent en place de

petits ateliers où furent fabriqués les objets les plus variés, envoyés par les internés à leurs proches. Précieusement conservés lorsque cela fut possible, ils sont parfois le seul souvenir d'un déporté qui n'est le plus souvent jamais revenu : cadeau d'un père à ses enfants, d'un époux à sa femme, d'un frère, d'un fiancé... Jamais autant d'objets n'avaient été réunis pour une exposition : « Derniers souvenirs. Objets des camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, 1941-1942 », du 27 janvier au 23 mars 2008 au Mémorial de la Shoah, est une première. C'est grâce aux prêts et aux dons de ces familles qu'elle a pu voir le jour, premier pas pour le Mémorial vers une recension plus importante de toutes les œuvres fabriquées dans les camps d'internés juifs de France.

Derniers souvenirs, objets des camps d’internement de Pithiviers et Beaune-la-Rolande, 1941/42 Jusqu’au 13 avril 2008 Mémorial de la Shoah, 17, rue Geoffroy-l’Asnier 75004, 01 53 01 17 01, Entrée libre

Le mémorial de la Shoah présente une exposition précieuse sur les objets fabriqués par les internés juifs, dans les camps de Pithiviers et Beaune-la-Rolande (Loiret), avant d’être déportés à Auschwitz. Un hommage émouvant.

Une centaine d’objets de bois, essentiellement des porte-plumes et des maquettes de bateau, sont exposés, prêtés par les familles à qui ont été légués ces souvenirs, d’un père à ses enfants, d’un époux à sa femme, d’un frère, d’un fiancé.

L’idée de rassembler ces objets est née de l’expérience de Claude Ungar. Ce dernier avait en effet conservé avec soin le porte-plume de bois, gravé, offert par son père à sa mère, alors qu’il était interné à Pithiviers. Il y a quelques années, Claude a entrepris de retrouver les autres objets fabriqués par les compagnons de son père.

C’est grâce aux assistantes sociales de la Croix-Rouge, qui ont installé des permanences dans les camps du Loiret, que sont créées les « baraques culturelles ». Elles comprennent une bibliothèque, une salle de jeux, un foyer, un groupe musical, des cours de culture générale.

Début juillet 1941, les ouvriers tailleurs internés à Beaune-la-Rolande réalisent des objets à partir d’un simple couteau. En novembre 1941, la Commission culturelle du camp de Pithiviers organise une exposition des objets fabriqués par les internés.

Mais 1942 sonne le glas de ce semblant de traitement privilégié. En janvier, la conférence de Wansee programme l’application de la Solution finale. La rafle du Vel’ d’Hiv, juillet (1942), après celle du « billet vert » (mai 1941) – nom donné d’après le document de la Préfecture de Police qui requiert de se présenter le lendemain à 7h pour être emmené en train de la gare d’Austerlitz aux camps du Loiret -, apportent 9.000 internés aux camps de Pithiviers et de Beaune-la-Rolande. Alors qu’ils avaient été conçus pour en recevoir 2.000.

Le 30 juillet 1942, Berlin ordonne que les enfants âgés de moins de 16 ans soient incorporés dans les « trains de la mort », suivant une proposition de…Pierre Laval. Dès le lendemain, des familles entières sont déportées des camps du Loiret directement à Auschwitz.

Pithiviers devient ensuite un camp de prisonnier politique (automne 1942), notamment pour les internés communistes. Le camp de Beaune-la-Rolande sera quant à lui fermé en août 1943, sur ordre d’Aloïs Brunner.

Cette exposition est l’occasion d’aller visiter le mémorial de la Shoah. Les objets taillés finement apportent un peu de légèreté et d’humanité au milieu de tant d’atrocités véhiculées par les souvenirs commémorés par ce site historique. Car « surtout, n’oublions pas ».

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On allait sur la plage, c’état interdit et il y avait des batailles navales tous les jours sur l’Atlantique.

Ma mère a continué a travaillé. Ils se sont cachés en 40 à l’Ile de Ré.

Il a été convoqué à Vincennes et il n’est jamais revenu à la maison.

Je me rappelle qu’à Pithiviers on a eu l’occasion d’aller le voir. Il a fait de très beaux objets en bois. Il a fait un bateau avec la mer. Il a fait un avion, un porte-plume, une maison qui servait de cendrier pour cigarette. L’avion était un modèle d’un avion de chasse de l’époque. Un des juifs étaient diplômés d’une grande école d’architecture et il s’est mis à faire des plans et tous se sont mis à faire des plans. Au début, les gardiens étaient plus compréhensifs. On pouvait envoyer des colis avec de la nourriture. Eux envoyés du linge sale avec les objets qu’ils fabriquaient. Symbole de la famille et de l’évasion

Vous avez organisé une exposition ?

Les objets ont traversé la guerre. J’ai joué avec ses objets durant la guerre. Et je les ai un peu abimés.

A Pithiviers on a eu une occasion d’aller le voir.

Une fois, j’ai un souvenir. Mon père, ma mère étaient sur un banc, et moi je jouais avec eux à côté sur le sable. On était dans un camp. Votre père a-t-il eu l’idée de s’évader. Il n‘a pas eu l’idée parce qu’il avait une famille. Fin 41, c’est la seule fois où vous y êtes allés. Ils s’écrivaient.

On s’’est regroupé dans l’appartement de ma grand-tante avec elle, sa fille, moi, ma mère avant qu’elle soit arrêtée. Et cela a duré jusqu’au port de l’étoile en mai 1942. On allait au bois de Vincennes et les gosses juifs allaient avec l’étoile et il fallait rester avec les parents. A cette époque-là, décision a été prise de trouver pour ma cousine et pour moi d’aller à la campagne parce que les enfants étaient plus en sécurité. Sur les cartes d’identité, il y avait un tampon juif et je me souviens à l’école de Vincennes. Il y avait moins et deux enfants en CP et on avait l’étoile tous les 3 et on était isolés dans un coin à la récréation. 3 à se retrouver ensemble. La cour de l’école était partagée en deux : une moitié grande classe et une moitié petite classe. Les deux plus petits que moi pleuraient.

Avez-vous le souvenir d’insultes dans la rue ou à l’école ?

A l’époque ce n’étaient pas des insultes.

Avez-vous des souvenirs de gestes bienveillants ? de discours d’instituteurs d’institutrices ?

Votre départ de Vincennes ? Où et comment ?

Ma cousine Liliane Stein qui s’est mariée avec un monsieur Klein. Ils ont trouvé une adresse dans une ferme dans le Loiret. Mon oncle Louis, le frère de mon père, monteur téléphonique, a été arrêté en tant que juif en 41 et s’est tout de suite évadé dans la Drôme, département où beaucoup de protestants se sont investis pour garder des gosses et cachés des adultes ; Louis Strompf est entré dans la résistance. Faites venir Raymond. J’ai une planque pour lui dans la Drôme. Il fallait traverser la ligne de démarcation. Du côté du frère de ma mère, il y a avait des mariage mixte et une femme par alliance n’était pas juive et Rolande s’est chargée de me passer de l’autre côté et je suis arrivé dans la Drôme. Une place dans une ferme, trop voyant. On n’a pas le vécu de la vie de campagne durant 3 mois mais ne pouvait pas rester car trop voyant. Il est resté plus d’un an chez monsieur et Madame Paturel. Elle venait d’Algérie et tous les deux protestants. Eté 42 et je suis resté jusqu’à la Libération. Je ne l’ai pas connue chez elle. Elle a eu peur des racontars. Ils sont boulanger à Craie dans la Drôme elle m’a emmené à l’école. EN 5 minutes il a vu le niveau : il était en avance. Une dictée. Une addition, une multiplication, une division, pas de problème. Il a appelé un instit. Résistant. Ils ont dit de changer le nom. Paul la coutume existait que l’on donne le nom de famille du grand-père. Son mari à son père Yvon. Paulette et Yvon Paturel, l’instituteur et le directeur savent parfaitement qu’ils cachent un enfant juif. C’était des résistant. Paulette m’a emmené au prêtre et comme tous les petits garçons allaient au temple. Pas de recrutement. Le pasteur le savait aussi. Les Paturel l’ont hébergé. C’est une énorme famille. Médaille il y en avait une centaine dans la salle.

Dans cette grande famille, il y a d’autres personnes qui ont caché des enfants. Son père a caché un enfant juif pendant la guerre. J’ai su qu’il y avait aussi un Paul. Elle m’a emmené au scout. Elle m’a présenté aux scouts unionistes et j’ai vécu une existence de louveteau. C’étaient des moments heureux. Tous les scouts étaient des résistants. Jamais une question qui l’aurait mis en difficulté. On craignait les voisins de la boulangerie. Mais comme c’était une grande famille. Il n’y a pas eu d’histoire. Il y a eu des règlements de compte sévères à la Libération.

Ville de Crest ? Le logement est au-dessus de la boulangerie. Avez-vous aidé dans la boulangerie ? Elle rendait service aux gens. Quelque fois il fallait aider pour la commande. Paulette faisait attention à cela : je lui ai demandé des sous pour acheter des billes, on jouait à la poursuite. On s’asseyait sur le trottoir tous les gosses jouaient à cela. Paulette avait fait attention à ce que je sois intégré. Paulette et Yvon.

Vous aimiez bien cette école ?

Oui, la seule chose, il fallait faire attention. Quand on l’appelait au tableau en disant Paul il fallait qu’il soit attentif pour qu’il n’y ait pas de soupçons.

Vous étiez bien nourri ? Ils étaient affectueux ?

Le soir, je les embrassais et je montais me coucher et là je pleurais parce que j’étais tout seul. Les Paturel avaient un apprenti qui me prêtait son vélo. Je montais en haut de la cote, Je me suis cassé la figure. S’il avait été blessé, c’était problématique.

Tous les soirs, je pleurais. On écoutait radio Londres tous les soirs. Je me retrouvais tout seul. Je pensais à ma mère, à mon père. Je n’avais pas de nouvelles.

Ma mère a été arrêtée à la rafle du Vel d’Hiv. J’étais alors dans la Drome et j’étais informé grâce à l’émission « les français parlent aux français » et au mur, il y avait une carte d’Europe et on avait des informations sur l’avancée des troupes soviétiques aussi.

Voici quelques messages personnels, ils servaient de relais à ces messages. Etes-vous informés que votre mère a été arrêtée. Mon oncle se manifestait quelque fois.

Elle est envoyée à Drancy et déporté dans le convoi n°12 de Drancy.

Son père a été déporté par le convoi 4. Ils ne se sont pas recroisés. Je ne savais pas que ma ère avait été prise.

L’oncle vient demander des nouvelles. Il ne venait pas à la boulangerie.

Qu’est-ce que vous vous imaginiez à propos de vos parents ? Le scénario : mon père était à Pithiviers ; Je pense qu’il a su que j’étais envoyé dans la Drome. Vous restez presque deux ans dans cet endroit. Vous voyez comment les choses ?

Je vivais dans l’espoir qu’ils reviennent et qu’à la fin de la guerre on se retrouverait.

Chez les Paturel, avez-vous le sentiment d’être en sécurité ?

Elle me disait tu ne parles pas aux voisins, ils sont curieux. Discute le moins possible avec les voisins. Aviez-vous une vie d’enfant normale ?

Les goûters, les réunions d’enfants n’existaient pas à l’époque. Il y avait beaucoup de passages à la boulangerie mais il n’y avait pas d’organisation de fêtes d’enfants.

Pierre Dac et Francis Blanche.

Y a-t-il des Allemands dans Crest pendant la guerre ?

Oui, il y a eu une grande offensive. Il y avait une très grosse Gestapo. Il y avait des mongols. Très violents. Si c’était une femme, elle risquait de se faire violer. Paulette a demandé à conduire Raymond ailleurs, chez l’oncle Louis qui avait déjà fait venir sa mère donc grand-mère et sa femme. Avant la Libération en 1944 un petit peu avant le débarquement des Américains.

1h3545

Il fallait pas qu’il se montre à Crest. Son fusil et sa musette. Il appartenait aux Résistants gaullistes de l’armée régulière. Il était dans un maquis. Il y avait des organisations socialistes, certaines communistes, certaines gaullistes. Quand il a été libéré, il lui a dit qu’il fallait qu’il reste dans l’armée française. Il est aspirant. Il pouvait rentrer dans une école de formation de sous-officiers. On a vu débarqué les camions américains, les chars ; Atmosphère à la Libération : la fête et les règlements de compte. Il y a eu à Crest dans un grand café bar restaurant, le long de la rivière, un collaborateur notoire. Il n’a pas fait de vieux os. EN 1923, il est communiste et arrivé en France il a été communiste il a fait partie des FTP. Pétard, mitraillette, il a participé à la Libération de Paris. Avec la deuxième DB, il a été jusqu’à la frontière allemande. Quand ils ont traversé le Rhin, il a refusé de faire la guerre aux allemands. Il était couturier. Il a repris son métier. Chez ma tante qui m’a élevé.

En août 44 ?

La fille de mon grand-oncle faisait partie de la FTP. Elle voulait revenir à Paris comme moi. On est retourné à Paris en septembre. C’était l’été. Tous les jours, on allait à partir de janvier 45 voir les listes. On prenait le métro. J’avais 10 ans. On venait avec des personnes de Vincennes. Si on n’y allait pas. On allait chercher sur une liste les survivants.

Etes-vous allé place Clichy au Gaumont Palace ? Lutetia ?

Il y avait des listes de gens qui arrivaient. Les panneaux étaient ceux de la Croix rouge. Cela a duré deux ans. On a eu le certificat de décès de mon père sur une liste. Ma mère, son convoi n°12 a été directement conduit aux chambres à gaz. Mon père a été répertorié dans les premiers convois. Il est décédé plus tard. Mon père était répertorié dans les cahiers des nazis mais pas d’acte de disparition. En 1948 l’acte de disparition est transformé en acte de décès.

AJOUT A CES INTERVIEWS

Il a été décédé le 36 ans, 2 mois et 13 jours 24/09/1942

Sources Service historique de la Défense, Caen

Cote AC 21 P 541360

Cela a duré en 48, acte de décès de ma mère en 48. Cela a déclenché des choses administratives.

Quand on rentré du marché, on sifflait. Acte de reconnaissance.

Des émigrés qui étaient là pendant la guerre. Tous voulaient construire une maison. L’appartement de mes parents avaient été visité. Il n’était pas occupé. Mon oncle Louis l’a récupéré. Et moi, j’habite chez ma grand-tante. Son mari a été déporté dans le convoi 60. Le drame on a pas de présence masculine. Il y avait Louis masi les deux gosses, sa femme, et l’entreprise à s’occuper. A 18 ans, il m’a proposé de venir travailler chez mon père mais ce n’étai pas possible

 

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