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Maurice GEZUNDHEJT convoi 6 par Damien Bertrand-Forboteaux

Maurice (Maurycy à l’origine) GEZUNDHEJT est né le 1er novembre 1906 à Varsovie, Pologne. Il vécut au 36 rue Lesno, puis au 12 rue Prozna. Aussi étonnant que cela puisse être, l’immeuble du 12 rue Prozna, intégré au ghetto de Varsovie, est toujours debout malgré les destructions de la guerre…

Après avoir commencé l’apprentissage du français, il est arrivé en novembre 1926 en France et a vécu jusqu’au 5 février 1933 au 89 rue Pixérécourt dans le 20e arrondissement où ses parents Chaïm et Jenta née IZERLAND, et son frère Noé, étaient déjà installés.

Maurice avait un frère appelé Noé qui tiendra après la guerre un laboratoire d’analyses médicales situé au 8 boulevard Magenta à Paris. Et s’installera dans le même immeuble de février 1933 à janvier 1938. Maurice obtient son baccalauréat en deux parties en 1926 et 1927 et poursuit ses études à l’école des Arts et Métiers. Il travaille ensuite auprès de son père Chaïm Zelman GEZUNDHEJT en tant que maroquinier pareur au 183 rue Saint Denis dans le 2e arrondissement. Plus tard, il aura un atelier plus grand au 28 rue du Pressoir dans le 20e arrondissement. Il poursuivra cette activité après la guerre avant de travailler dans le laboratoire de son frère Noé.

Noé a été naturalisé par décret en 1928, Maurice a sollicité deux fois la naturalisation en 1934 et 1936, laquelle a été deux fois ajournée. Noé a étudié à la Faculté des Sciences de l’université de Toulouse et en est ressorti avec un diplôme d’ingénieur-chimiste

La famille ainsi que lui et sa femme Hélène née Mrouz s’installent au 52 rue d’Angoulême dans le 11e arrondissement de Paris. Maurice fait son service militaire en 1926.

Il s’est engagé volontaire en 1939 dans le 3e bataillon de pionniers étrangers à Septfonds. Il a été démobilisé le 19 septembre 1940 à Caussade dans le Tarn-et-Garonne. Son frère Noé a servi dans la 3e section d’infirmiers militaires d’avril à septembre 1940 puis dans le bataillon FFI Hugues à Lauzun dans le Lot-et-Garonne et a obtenu le grade de sous-lieutenant.

Démobilisé à Saint-Affrique (Aveyron) en juin 1940, sa femme Hélène le pousse à rester en zone libre mais il refuse et regagne Paris.

Il est arrêté lors de la rafle du billet vert le 14 mai 1941 et interné au gymnase Japy dans le 11e arrondissement. Un policier apprend à sa femme Hélène que les internés seront envoyés au camp de Pithiviers dans le Loiret. Cette dernière fait régulièrement le déplacement aux abords de ce camp pour rendre visite à Maurice. Déporté à Auschwitz-Birkenau le 17 juillet 1942 par le convoi 6, Maurice reçoit le matricule 48. Il est d’abord affecté à ce que Marceline Loridan-Ivens appellera des “travaux d’humiliation” qui consistent à déplacer de la terre d’un endroit à un autre à l’aide de trague (sortes de brouettes sans roue). Il passe ensuite par la Maurerschule (école de maçonnerie). Là il peut boire de l’eau dans laquelle le docteur Nuchim LEWENSZTAJN (également déporté par le convoi 6 et survivant) verse du permanganate pour éviter les épidémies. Il y est Lehrer c’est à dire instructeur. Là il apprend à devenir maçon. Ce poste lui permet de survivre car il se trouve à l’abri des intempéries.

Il est également temporairement affecté à un bureau où il recopie des noms de prisonniers juifs sur des certificats de décès avant de retourner à l’école de maçonnerie.

Ses camarades de déportation sont Léopold MANTEL, Nuta EJZENBERG et Judka dit Julien GODFRYD. Il apprend à l’été 1943 que sa femme Hélène, arrivée par le convoi 57 du 22 juillet 1943, tatouage 50 356, est internée au block 10, le block des expériences. Les parents de Maurice, arrêtés avec Hélène le 18 février 1943, ont été déportés sans retour, Jenta Majta vers Auschwitz par le convoi 47, Chaïm Zelman vers Sobibor par le convoi 53.

Maurice fait la marche de la mort au départ d’Auschwitz le 18 janvier 1945 jusque Gleiwitz. De là, il est transporté en train jusque Buchenwald où il arrive le 22 janvier 1945. Il y reçoit le matricule 118979. Il est transféré au camp d’Ordhruf le 27 janvier 1945. Au terme d’une dernière marche de la mort, il arrive à Dachau le 27 avril 1945 d’où il est libéré le 29 avril. Il est rapatrié en France le 22 juin 1945 via Mulhouse, la gare d’Orsay puis l’hôtel Lutetia. Il retrouve sa femme Hélène partie de Drancy par le convoi 57 du 18 juillet 1943, qui après avoir survécu aux expériences du Dr. Clauberg à Auschwitz I, est passée par les camps de Birkenau, Bergen-Belsen, Raguhn, puis Theresienstadt où elle a été libérée en mai 1945. Alors que sa femme rentre des camps avec la tuberculose, Maurice dans l’attente de retrouver l’appartement de ses parents loue une chambre au 42 rue Jeanne d’Arc,13ème arrondissement)à Paris à une certaine madame Garrel où il habitera de 1945 à 1948.

En 1994, Maurice Gezundhejt décidé de témoigner pour l’association « Mémoire et documents ». Le témoignage est disponible en ligne https://collections.ushmm.org/search/catalog/irn507943 

Il est décédé le 1er janvier 1996 à l’hôpital Saint-Antoine dans le 12e arrondissement de Paris. Sa femme Hélène est décédé le 17 juillet 2006 à Paris 19ème.

Il était un ami d'Israël-Charles Papiernik parti par le convoi5.

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