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Lettre à Sara STAROSTA convoi 6 par son fils Jean-Claude STAROSTA

Maman,

Depuis le jour où j'ai appris que tu avais été arrêtée, et, comme des milliers d'autres femmes, envoyée dans un camp de déportés, j'ai espéré que tu en reviendrais, de toute la force de mon âme.

Ne sachant plus rien de toi, j'ai lutté contre le doute et combattu l'angoisse qui, parfois m'étreignait, à la pensée que la mort pouvait se trouver sur ta route et que tu serais une de celles, qu'au hasard, elle désignait.

Mes espoirs, en s'effondrant, ont dû céder le pas à la raison, Quand, à l'heure de la délivrance, parmi les rescapées, ta place est restée vide. Bien que la vie continue, et qu'aux saisons succèdent les saisons,

ton souvenir reste en moi bien vivant, alors qu'à mon front naissent les rides.

Et puisque tes bourreaux ont refusé à ton corps, une tombe, c'est dans mon cœur que, dans son dernier sommeil, dort ton cœur. Jour et nuit je le veille, c'est un devoir qui m'incombe car il n'appartient qu'à moi, et j’en suis le protecteur.

Cette charge est bien légère en échange de ce que de toi, j'ai reçu. Elle eût été plus lourde, s'il m'avait fallu te rendre Amour et tendresse, t’apprendre ce qu'était le bonheur, car tu ne l'as jamais su, Et tout faire pour que, plus jamais, tes yeux ne soient ternis par la tristesse.

Même s'il existe au calendrier, une date pour fêter les mères, et parce qu'aucune femme n'a pu te remplacer, Maman, je t'honore aussi souvent qu'il me plait, sans qu'on me le suggère, Qu'on le veuille ou non, il n'en sera jamais autrement.

Jean-Claude STAROSTA, 30 juillet 1971.

 

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