Abe (Albert) Lec est né le 15 juillet 1906 à Varsovie (Pologne). Il était tailleur et habitait au 15 rue de Marseille à Paris 10ème. Il était marié à Suzanne née Grosman, et a eu une fille, Annette, née en 1936. Il a été arrêté par la police française lors de la rafle dite du « Billet vert » le 14 mai 1941 et interné au camp de Beaune-la-Rolande.

Abe Lec a été déporté par le convoi 5, parti le 28 juin 1942 du camp de Beaune-la-Rolande à destination du camp d’Auschwitz. Son numéro de matricule au camp d’Auschwitz était le 43253. Alors qu’il a été transféré à Varsovie, il est parvenu à s’évader le 30 juillet 1944. Il a été libéré par l’armée russe le 23 janvier 1945 et rapatrié via Odessa à Marseille le 5 avril 1945. Après la guerre, il a eu un second enfant, Alain, né en 1946.

Note de Jean-Louis Maslowski

J’ai connu Abe Lec. Il était un camarade de déportation de mon père et je me rappelle que chaque fois qu’il le voyait, il l’appelait affectueusement Abele (prononcer Abèlè).

Mais avant que je ne connaisse le père, j’ai connu son fils Alain qui avait mon âge et nous étions dans la même classe dès la 4^ème au lycée Voltaire en 1959. Nous étions même très copains, sans doute parce que nous savions que nos parents ont été déportés, que nos pères se connaissaient et ça nous a créé un lien. Malheureusement, Alain était souvent malade et il est mort à 25 ans.

Un jour, Abele est venu à l'improviste au magasin où je travaillais avec mes parents à  et a demandé à voir mon père. Le temps qu’il nous rejoigne, il a dit à ma mère en souriant : « Vous allez voir, Bajla, il va m’appeler Abele ». C’est très exactement ce qu’il s’est passé. Puis il nous a raconté en pleurs  les derniers moments de son fils. En voyant les photos sur la stèle, j’ai reconnu Alain et Abele même âgé.