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Convoi 6

BRAUMAN Abram Henri

ÂGE

20 ans(14-08-1922)

VILLE DE NAISSANCE

Lodz(Pologne)

SEXE

Homme

MATRICULE

Inconnu

BRAUMAN Abram Henria survécu.

MINIBIO

Abram Henri BRAUMAN est né en 1922 à Lodz (Pologne) et habitait Paris 3e. Il était tailleur. Arrêté suite à la convocation du Billet Vert, il a été interné dans le Loiret. Il a survécu à la déportation.

Témoignage sur Abram Henri Brauman convoi 6 par Georges Jacknovitz

14 août 1922- naissance à Lodz, en Pologne de Henri, fils aîné de Jacob Braumann et Brucha Levartowska.

1928 : la famille quitte la Pologne par manque de travail pour le père tailleur et en raison de l’antisémitisme grandissant ; ils s’installent en Belgique pour  trois années au cours desquelles ils sont rejoints par les grands-parents d’Henri.

Vers 1930, ils arrivent au Luxembourg où toute la famille jouira d’une vie agréable pendant sept ans.

En 1937, Henri, qui a 15 ans, son jeune frère Jean et sa sœur Fanny font partie d’un mouvement de jeunesse sioniste « Hanoar Hazioni » ; mais l’antisémitisme qui sévit maintenant au Luxembourg oblige les Brauman à quitter ce pays qu’ils aimaient pour la France en profitant de l’exposition universelle de Paris  avec des passeports de tourisme.

Sur place ils doivent régulariser leur situation et obtenir les papiers nécessaires pour rester en France. Déchus de la nationalité polonaise, le statut d’apatride leur permet de rester à Paris où ils s’installent 58, rue Vieille du Temple.

1938 : naissance d’un nouveau petit frère, Emmanuel

1939 : Mr .Brauman père s’engage dans l’armée française, Henri a 17 ans, il doit aider sa mère, travaille  comme elle, c’est l’aîné et cette responsabilité ne lui permettra pas de faire des études. De plus, il est sujet à de fréquentes crises d’asthme.

1941 : A la suite de la convocation du 14 Mai 1941 dite « du billet vert » , Henri n’est pas retenu puisqu’il est déclaré « fourreur rusting » ; il s’agissait alors de laisser en liberté les gens susceptibles de savoir faire des gilets en peau de moutons pour les soldats allemands partant sur le front russe, mais il était tailleur et non pas fourreur et les machines à coudre n’étant  pas les mêmes, son travail n’a pas dû donner satisfaction. Ainsi a-t-il été arrêté et transféré au camp de  Pithiviers le 24 juin 1941 où il est resté jusqu’à son départ pour Auschwitz le 17 Juillet 1942, par le convoi n°6.

Né le 14 Août 1922 Henri allait avoir 20 ans un mois plus tard.

Les mystères n’appartiennent qu’à Dieu, nous a appris le roi Salomon et l’on peut comprendre que les sévices  et les humiliations subis par un garçon  à peine sorti de l’adolescence soient à tout jamais ancrés au plus profond de son cœur et de son esprit. Malgré toutes les souffrances endurées  il est miraculeux qu’il ait pu  survivre, revenir, fonder une famille et élever dignement ses enfants. L’objectif des nazis était d’anéantir le peuple juif physiquement et moralement avec le  sadisme en plus pour le plaisir de chaque bourreau.

Quoi qu’on ait pu faire au déporté,

Quoi qu’on ait pu lui faire faire,

Quoi que les circonstances l’aient obligé à faire,

Quelles qu’aient pu être les compromissions, les humiliations, les asservissements, les sévices, les tortures, les coups, les menaces, les privations, tout cela a été calculé, décidé, organisé, programmé pour transformer l’homme en  animal enragé prêt à tout pour survivre et, néanmoins être destiné à mourir.

Commentaires de

C’est vrai, il est étonnant que quelques déportés soient revenus après plusieurs années passées dans les camps de concentration.Comme pour les autres juifs qui ont échappé au carnage il y a eu la chance, le hasard, les circonstances et aussi la force, le courage et la résistance physique.

Vouloir vivre n’est pas vouloir faire mourir. Les tortionnaires, eux, sont revenus sans honte, accueillis et protégés par leur famille malgré l’écoeurante besogne qu’ils avaient accomplie. Les  déportés parfois honteux d’être encore en vie après avoir vu et enduré autant de douleur et de supplices, ont, dans leur silence, enfoui la terrible pensée : « pourquoi moi et pas lui » ?

La pudeur, le désir d’oublier et parfois la honte des sévices endurés doivent être respectés ; le fait d’être revenu ne signifie pas que l’on n’a pas rencontré le pire tout autant que ceux qui sont morts.

Un rescapé du convoi n°6, Mr.Chymisz, raconte : « le kapo faisait allonger un déporté sur le sol, plaçait un manche de pioche sur sa gorge,  puis choisissait deux autres malheureux pour monter à chaque extrémité afin d’étrangler le supplicié ».

Sur  qui doit tomber la justice ? Les « poids-bourreaux » ? Il est certain qu’il y a eu des refus et dans ce cas celui qui n’a pas pu ou pas voulu monter s’est retrouvé avec le manche sur la gorge.

Pour le kapo, pas de clémence bien sûr mais le nazisme gagne encore, jusqu’où remonter pour trouver l’origine du mal ? Le diable lui-même semble dépassé alors qu’Hitler est ovationné par un peuple entier avec lequel nous devrons partager notre toute petite planète.

Comment comprendre ? Comment faire comprendre ? Alors que c’est sur le « revenant » qu’un regard sévère s’est parfois posé. Pourquoi le supplicié devrait-il dire ce qui n’appartient qu’à sa souffrance et sa conscience la plus intime ?

Si mon père était revenu comme nous aurions été heureux, ma mère, mon frère et moi et comme nous  l’aurions aimé !

Georges Jacknovitz

Novembre 2007

Documents sur Abram Henri Brauman convoi 6