Mon père Joseph JEDWAB est né le 11 décembre 1904 à Kaluszyn en Pologne. Son père s’appelait: Srul Lejb JEDWAB et sa mère : Rifka FAJWOCZEWICZ

Fuyant les pogroms de KALUSZIN  en Pologne, mon père, Joseph JEDWAB, est  arrivé avec son frère JOJNE en France en 1931. Etant cordonniers, ils ont ouvert avec peine un petit atelier de réparations de chaussures dans le 11^ème  arrondissement de PARIS.

Après un certain temps, mon père a fait venir ma maman Malka née KISIELNICKA, ma sœur Sophie , née en 1922 et mon frère Albert né en 1926 qui étaient restés en Pologne. Je suis le 19 Novembre 1932 à Paris

La guerre a été déclarée.

Le 14 Mai 1941 est arrivée « la fameuse convocation » : se présenter au gymnase Japy à Paris 11^e.  Mon père s’y est présenté. Que pouvait-il lui arriver ? II était en France …

Ensuite la « marche » infernale a commencé :

Arrestation, internement au  camp de Beaune-la-Rolande. Il a travaillé en ville chez monsieur. Lamotte, le cordonnier de Beaune la Rolande, du 19 février au 1^er septembre 1941. Nous allions en famille lui rendre visite au camp. Innocemment, comme d’autres, hélas, il pensait pouvoir y rester. Jusqu’à quand ? Certains se sont évadés. Lui craignait des représailles contre les siens.

Ensuite, il y a eu la préparation des baraquements, sous le contrôle d’une « certaine » gendarmerie. Les baraques devaient  « recevoir »  des femmes et des enfants de la grande rafle du Vel d’Hiv.

La suite ?  De Beaune à Pithiviers le 4 juillet 1942, baraque N° 7 puis le départ du convoi n° 6, le 17 juillet, enfermés dans des wagons à bestiaux, direction  Auschwitz. Sa mort, dans ce camp d’extermination a eu lieu le 22 juillet 1942.

Au cours de son internement, nous avons reçu un petit mot de tendresse, qui m’était adressé et également pour moi, un bateau en bois peint. Un encrier en acajou et un petit poudrier en bois également.

J’ai appris par la suite que nous n’étions pas les seuls à posséder ces petites sculptures. Comment ces objets sont-ils arrivés jusqu’à nous ? Nul ne le sait, mais à présent le bateau trône  dans le salon de mon fils Stéphane, l’encrier sur le bureau de ma fille Karine, quant au poudrier, il se trouve sur la coiffeuse de ma femme. Ces objets (précieux) ont une histoire  et représentent une partie de la mémoire de ma famille.

Ah ! J’oubliais, le poudrier sera pour notre adorable petite fille de six ans, Rachel.

Mon père  croyait en la France …   A la Liberté ! 

J’avais 9 ans. Il n’est jamais revenu… Hélas, comme des millions d’autres …J’ai vécu caché avec Maman, mon frère, ma sœur et sa petite famille, jusqu’à la libération.

Mon cœur a été marqué au fer rouge…Je ne m’en suis jamais remis.