Zalma est né le 1er juillet 1902 en Pologne, à Pabjanice : shtettl situé près de Lask (région de Lodz). Mon père Idarié VOJACOT, né en 1908, était le frère de Zalma, leur papa s'appelait Zacharia, leur maman Schendla Szlamowicz. La famille était nombreuse, 9 enfants : 7 filles et 2 garçons. Toute la famille Wojakowski vivait à Lask. Zalma était coupeur de cuir.

Arrivé en France en 1930, il s'est marié en 1931 avec Dora Stern. Ils demeuraient à Paris, 10 rue Oberkampf, Paris 11^ème . C'est Salomon Wojakowski, leur cousin, qui leur avait trouvé l'appartement, comme il l'avait  fait et le fera souvent pour bien des personnes, famille ou amis.

Ils ont eu deux filles : Régine, née le 27 février 1933, et Paulette, née le 28 novembre 1936. Une particularité, on appelait la cadette Esther. C'est le prénom que lui avaient choisi ses parents, mais il avait été refusé par l'état-civil. Comprenne qui pourra !

Paulette-Esther, donc, avait mon âge à quelques jours près. Dora, et Blanche ma maman, étaient ensemble à l'hôpital pour accoucher. Ma tante Dora était très belle. Je me souviens que j'allais souvent jouer chez elle avec Paulette. Régine était une très jolie petite fille aux beaux cheveux bouclés.

Zalma, comme beaucoup de Juifs, s'est engagé en 1939, volontaire au titre de la Légion Etrangère. C'est d'ailleurs indiqué sur sa fiche de la Préfecture de Police. Et c'est certainement pour le remercier d'avoir voulu combattre pour la France qui l'avait accueilli, qu'il a été arrêté le 14 mai 1941 (la rafle du « billet vert »).

Il a été interné à Beaune-la Rolande, puis déplacé à Pithiviers le 4 juillet 1942. Le motif d'internement est à lui seul un sujet de réflexion: « En surnombre dans l'économie nationale ».

Zalma a été déporté par le convoi n°6, parti de Pithiviers le 17 juillet 1942.  Dans ce convoi, il y avait 928 personnes. En 1945 il y avait 93 survivants, Zalma n'en était pas.

Après la guerre et la disparition de son mari, Dora et ses filles ont quitté la France pour les Etats-Unis. Est-ce le désir d'effacer la page noire de la guerre et de la déportation ? Nul ne le sait, toujours est-il qu'elles n'ont pas renoué avec la famille rescapée.

En 1996, Régine a cherché des contacts en France. Par Internet, nous avons échangé quelques mails et des photos, puis plus rien.

C'est, bien entendu, grâce à maître Serge Klarsfeld que j'ai pu avoir toutes les informations concernant le destin de mon oncle Zalma : l'arrestation, l'internement puis la déportation, par les fiches de la Préfecture de Police et de Beaune-la-Rolande qu'il m'a fournies, et par le Mémorial de la Déportation des Juifs de France.