J'ai peu de choses sur mon oncle Ernst. Mon grand-père Isaac né du premier mariage de mon arrière grand mère Vita Obsvelt a été adopté par son beau-père Yaakov Bernstein et s'est marié avec la nièce de celui-ci Welka Bernstein. Welka a eu 2 enfants : mon père, Max né le 27 mars 1920 et Ernst né le 30 novembre 1922.

Isaac a dû quitter l'Allemagne en janvier 1933 car il était menacé en raison de son violent antinazisme. Mon père et Ernst ont été mis en orphelinat juif mixte à Wienslaken et ont donc quitté Dûsseldorf pendant que Welka était en fin de vie soignée pour une tuberculose. Durant de nombreuses années, elle s'est occupée de ses enfants tout en passant les trois quarts de son temps en sanatorium. Il n'y avait pas d'école dans l'orphelinat mais en ville: eine Juden Schule. Comme à Dusseldorf il y avait sans cesse des bagarres avec les jeunesses hitlériennes.Isaac est revenu début février 1933 pour l'enterrement de Welka, décédée le 28 Janvier mais est reparti immédiatement.

Il est venu se réfugier à Paris. Isaac n'était pas Allemand ; il s'était battu en 14/18 dans l'armée austro-hongroise et sa famille était installée en Rhénanie et en Bavière pas loin de Nuremberg.Isaac s'est remarié en 1934 avec Lotti Salmon qui lui avait été présentée par son demi-frère Lazare. A l'occasion du mariage, mon  père est venu rejoindre Isaac à Paris tandis qu’Ernst a été accueilli dans la famille du frère de Lotti .Celui-ci était associé dans une entreprise d’acierie avec les plus grands de toute la Bavière et ami personnel du Général Ludendorf : Ces appuis ne l'ont pas empêché d'être dépouillé par la suite.

L'orphelinat a été incendié en 1936 et son directeur le rabbin Dreyfus assassiné par les nazis.Ernst a rejoint par la suite Isaac Lotti et mon père à Paris et s'est montré un excellent élève. Les deux frères se sont toujours chamaillés mais s'aimaient énormément. Mon père aidait Isaac dans son travail de retraitement des métaux non ferreux: Il était son unique ouvrier. Mon père était naturalisé depuis le 10 mai 1939 et s'est engagé volontaire au mois de novembre 1939. Lors de la démobilisation, le haut commandement n’a pas laissé rentrer à Paris ceux qui risquaient d'être arrêtés par les Allemands. Dans ceux-ci, il y avait les Juifs et aussi ceux de la zone rouge des Flandres annexées par les Allemands. Ils ont été envoyés dans des chantiers de jeunesses. Mon père a vécu de cette manière jusqu'en avril 1941.