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Convoi 6

UNGAR Samuel

ÂGE

34 ans(27/09/1907)

VILLE DE NAISSANCE

Cracovie(Pologne)

SEXE

Homme

MATRICULE

Inconnu

UNGAR Samueln'a pas survécu.

MINIBIO

Samuel UNGAR est né à Cracovie en Polgne. Il était tailleur et demeurait à Paris 17e, 9, rue Bayen. Convoqué par le Billet Vert, il a été arrêté le 14 mai 1941 et interné. Il était marié à Frida. Cachée, sa femme a échappé à la déportation. Leurs 2 enfants ont échappé à la déportation.

Témoignage sur Samuel Ungar convoi 6 par sa fille Nina Ungar

Samuel Ungar est né le 27 juillet 1907 à Cracovie (Pologne), le 14 mai 1941, il a été interné à Beaune-la-Rolande. Il se trouvait dans la baraque 2 et a eu le numéro 1857. Il est décédé le 15 septembre 1942 à Birkenau.

Mai 1941

Après-midi ou matin. Aucun rayon de soleil ne traverse la lumière blanche qui baigne l’appartement. Le carillon de l’entrée ne m’arrache pas à la précieuse rêverie qui m’absorbe.

Pourtant un étrange tumulte m’alerte et accapare ma curiosité « bien loin » de là où je jouais si bien ! Au passage,  je comprends que mon père, contre toute attente, est absent. Dans l’entrée, la parfaite contrariété de Maman s’affiche ouvertement en face de trois inconnus dont la visite inattendue est inexplicable.

Gommant au mieux l’espace qui les sépare, ils veulent entrer en force. Ils sont chez eux déjà, et rompus à l’intimidation. Sans détour le « meneur » annonce (quoi ?) ce qu’il faut pour entretenir les craintes de Maman. Je ne comprends rien, mais mes yeux se mettent à « écouter ». L’assaut a commencé, les mots pleuvent comme des coups. Nécessaire recours à l’écrit de temps à autre pour s’assurer que Maman sourde-muette comprend bien. Je vois qu’elle entre en résistance du cœur et de la tête. Dans son tablier de cuisine,  elle croit pouvoir affronter l’adversaire en refusant tout. Je ne sais pas encore qu’ils veulent prendre des effets ou des papiers personnels de mon père qui sera retenu quelque part.

Mais ce n’est qu’une erreur ! Ils vont partir comme si de rien n’était ! La vie d’avant « eux » reprendra ! Et pourtant …La détermination policière ne faiblit pas, non,…elle s’exaspère ! Le meneur part rageusement ouvrir grand la porte d’entrée signifiant ainsi la fin des préliminaires.

Maman feint de ne rien voir. La tension se palpe du doigt, les exaspérations sont à leur paroxysme. Cependant, une souterraine intelligence neuve se fraie un chemin. Maman comprend sa position, celle qu’ils veulent lui faire tenir. Elle se résigne, s’assied et pose tranquillement les avant-bras sur les accoudoirs du fauteuil avant de pleurer dans un silence déchirant.

La tension retombe : ils savent  dès lors qu’ils vont en avoir fini avec elle. Je m’éloigne jusqu’au palier, au-delà de la ligne du paillasson, mon regard est accroché au point précis du nœud de la tourmente qui traverse l’appartement et empoisonne jusqu’à l’air que nous respirons. C’est le point où l’arbitraire aveugle toise la détresse. Je vois que l’impitoyable violence ne connaît rien qu’elle-même ! Ma compréhension se trouble, se rétrécit, se cherche et se perd. Est-ce possible, seulement imaginable ! L’inacceptable percute mon regard : tout geste de réconfort est d’avance condamné. Maman peut pleurer jusqu’à en perdre les yeux !

Mon petit frère est dans son lit. Maman est seule. J’ai presque cinq ans.

Ecrit en 2008.

Photos et cartes postales de Samuel Ungar convoi 6

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Témoignage sur Samuel Ungar convoi 6 par son fils Michel Ungar

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