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Convoi 6

SZUCHENDLER Esther Malka

ÂGE

39 ans(21/06/1903)

VILLE DE NAISSANCE

Maciejowice(Pologne)

SEXE

Femme

MATRICULE

Inconnu

SZUCHENDLER Esther Malkan'a pas survécu.

MINIBIO

Esther SZUCHENDLER est née à Maciejowice. Elle demeurait à Belfort, 25, rue du Gal Roussel. Elle est née ROZENBERG et avait épousé Elie Schmill. Caché, son mari a échappé à la déportation. Leurs 2 enfants ont échappé à la déportation.

Témoignage sur Esther Malka Szuchendler convoi 6 par son arrière-petite-fille Deborah BROYER

Mon arrière grand-mère, Esther Malka née Rozenberg est née le 21 juin 1903 à Maciejowice en Pologne. Elle épousa civilement en France, en 1931, Elie Schmil Szuchendler né en 1893. De leur union naquit en 1928, à Lodz, une fille, Gila Brajna, ma grand-mère et quelques années plus tard un garçon, Bernard.

Ils émigrèrent en France en 1930. Schmil était commerçant, ils vivaient à Belfort. Au cours de l’été 1942, aux alentours du 13 juillet, ma grand-mère alors âgée de 14 ans et son frère âgé de 10 ans alors qu’ils étaient sur le chemin de l’école assistèrent à l’arrestation de leur mère.

Ma grand-mère me raconta souvent cette scène, durant mon enfance et mon adolescence, j’ai parfois l’impression de la voir défiler sous mes yeux. Lors de cette journée où elle perdit sa mère, elle voulu courir la rejoindre, mais sa voisine la rattrapa à temps et la cacha sous sa jupe « Si elle ne m’avait pas retenue, où serions-nous maintenant ? », me disait-elle.

J’ai dans ma bibliothèque le roman de Balzac intitulé Eugénie Grandet. Je me souviens que lorsque je l’ai acheté, je suis allée le montrer à ma grand-mère. Elle me rétorqua, plongée dans ses souvenirs lointains, « on aurait dû me le remettre, ce livre, j’avais remporté un concours littéraire à l’école, une épreuve de français ». Ce livre de Balzac était apparemment le premier prix. Mais elle ne put jamais le récupérer, car ce jour là, elle dut quitter maison, amis et école, car le lendemain « on venait chercher les enfants ».

Je ne connais l’histoire de mon arrière grand-mère que par le récit empreint de nostalgie et de tristesse de ma grand-mère. Combien de fois m’a-t-elle répété qu’elle avait demandé à sa mère de quitter la région. Malheureusement Esther lui répondait invariablement, « ne ». Gila finissait alors son récit en me disant : « ma pauvre mère, si elle avait su !».Esther n’est jamais revenue d’Auschwitz Birkenau. J’ignore quelle fut sa courte vie là-bas, si ce n’est qu’elle termina son parcours dans l’une de ces maudites chambres à gaz comme des millions d’autres malheureux.

Je me suis rendue là-bas, en 2001. Sans sépulture, j’ai voulu ramasser un petit caillou, et le garder, mais je n’en ai pas eu la force. Comme si son âme était restée à jamais dans cet univers de solitude et d’angoisse  constituant ainsi un peu de tous ces petits cailloux que mes pieds foulaient avec tristesse et amertume.

Survivre

Je croyais mais je ne sais plus bien

De vouloir tracer, de vouloir graver

Tu entendais quelque discours fédérateur

Scandant des versets enjôleurs

Tu croyais malgré tout pouvoir vivre

Mais tu n’as pu que survivre

Elle te disait attend encore un peu, ce n’est qu’eux

Ces démons aux longues vestes troublantes

Tu pleurais parce qu’hier s’est arrêté.

 

Photos personnelles d'Esther Malka Szuchendler convoi 6

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