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Convoi 4

APFELBAUM Kalma

ÂGE

36 ans(17/01/1906)

VILLE DE NAISSANCE

Nowy-Korczyn(Pologne)

SEXE

Homme

MATRICULE

41785

APFELBAUM Kalman'a pas survécu.

MINIBIO

Kalma APFELBAUM est né en 1906 à Nowy-Korczyn (Pologne) et habitait Paris. Il était marié. Il avait un enfant. Arrêté suite à la convocation du Billet Vert, il a été interné dans le Loiret.

Kalma APFELBAUM convoi 4 par sa petite-fille Laurence Scebat

Voici l’histoire d’une famille, celle de ma mère, comme malheureusement tant d’autres, qui a connu la guerre, la déportation, l’extermination, mais aussi la « chance » d’avoir des enfants, petits-enfants, arrières petits-enfants, qui puissent raconter afin de continuer la chaine de la transmission.

Mon grand-père, Kalma APFELBAUM, est né le 17 janvier 1906 à Nowi-Korczyn en Pologne. Il est venu en France, je ne sais pas exactement quand pour échapper aux horreurs que les juifs subissaient de la part des Polonais.

Ma grand-mère, Ruchla KONSKA, est née le 20 février 1909 à Siedlce en Pologne. Elle est arrivée en France avec sa famille en janvier 1926.

Ils se sont connus à Paris et mariés civilement le 9 novembre 1937 à la mairie du 20ème. La cérémonie religieuse s’est déroulée à la synagogue de la rue Buffault le 5/ décembre1937.

Leur vie était agréable. Ils habitaient un bel appartement 17 rue de filles du calvaire dans le 3ème arrondissement de Paris. Mon grand-père a eu un magasin de vêtements, 10 cité d’Angoulême dans le 11ème.

Ils ont pu partir en vacances grâce aux congés payés. Bref, leur vie semblait plutôt bien tracée, avec une ascension sociale bien meilleure que la vie qui leur aurait été destinée s’ils étaient restés en Pologne.

Le 22 mai 1939, pour couronner leur amour, est née leur fille, Raymonde, surnommée Raiselé. Ils ont vécu très heureux tous les trois, entourés de leurs familles et amis.

Malheureusement, ce conte de fées, ne continue pas comme dans les livres…

En 1940, la France se laisse envahir par l’Allemagne nazie, et pour ma famille, c’est le début des ennuis.

Il y a aujourd’hui 80 ans, en mai 1941, plus exactement le 14 mai, mon grand-père a reçu « la convocation du billet vert », surnommée par la suite « la rafle du billet vert ». Le gouvernement français et sa police, ont envoyé cette convocation aux Juifs polonais âgés de 18 à 60 ans, afin qu’ils se présentent dans différents lieux de rassemblement. Mon grand-père, naïf comme tant d’autres, y est allé… et s’est retrouvé dans le train le jour même pour Pithiviers, qui était nommé « camp d’internement ».

Il y est resté jusqu’au 25 juin 1942, date de sa déportation pour Auschwitz. Il est déclaré mort le 11 juillet 1942. Il faisait partie du convoi n°4.

Durant toute sa période à Pithiviers, soit une année, mon grand-père a pu écrire et envoyer des lettres à ma grand-mère, et dans chacune de ses lettres, il s’adressait également à sa petite fille Raiselé, âgée d’à peine 2 ans. Toutes ses lettres écrites en yiddish, ont été conservées par ma grand-mère. Outre le fait que ce sont des lettres d’amour d’un mari à sa femme et à sa fille, elles décrivent la vie dans le camp de Pithiviers, et l’évolution de la situation pour tous ceux qui « survivaient » là-bas.

De cette correspondance, un livre a vu le jour, des décennies après, grâce aux éditions Belin et à la participation du CERCIL. On peut le trouver en librairie. Il s’intitule « lettres d’un interné au camp de Pithiviers » par Kalma APFELBAUM (1906-1942)

Ces hommes, furent donc les premiers Juifs vivant en France condamnés à mourir du fait de leur religion au 20ème siècle. Ils ont été déportés en juillet 1942, pour faire de la place à tous ceux qui ont été pris lors de la rafle du Vel d’hiv les 16 et 17 juillet 1942.

Jusqu’en 1943, ma grand-mère et ma mère vont rester vivre dans leur appartement à Paris. Ma grand-mère ne voulait pas partir car elle espérait chaque jour le retour de son mari. Mais, la situation se dégradant de plus en plus pour les Juifs, ma mère, âgée de 3 ans, et sa tante Léa, la petite sœur de ma grand-mère, âgée de 16 ans, partent de Paris et arrivent (par quel miracle ???) dans un lieu-dit NIAC, dans le Cantal. Là, elles vont être accueillies et cachées par un monsieur extraordinaire qui n’a pas hésité, au péril de sa propre vie, à les garder chez lui dans sa ferme. Quelques temps après, l’oncle Maurice (le frère de ma grand-mère) et sa mère (la grand-mère de ma mère), les rejoignent. Toute cette partie de la famille a pu se retrouver et vivre grâce à monsieur Delbos, qui fut nommé « Juste parmi les nations » en 2019 (cérémonie qui fut très émouvante à la mairie de Boulogne Billancourt, en compagnie du neveu de monsieur Delbos, ainsi que de sa femme, enfants et petits-enfants et de notre famille où ma mère était très émue et en même temps très heureuse de pouvoir remercier ce « Mensch ».

Ma grand-mère, quant à elle, est restée à Paris durant toute la guerre. Elle est venue retrouver sa fille, dans le Cantal, alors qu’elles ne s’étaient pas vues depuis 2 ans. Pour ma mère, ce fut très douloureux comme souvenir. Elle retrouvait sa maman, mais elle a très vite réalisé qu’elle ne reverrait plus jamais son papa qui fut exterminé à peine arrivé à Auschwitz.

Ma mère a vécu toute sa vie avec cette souffrance et ce manque de son père. Combien de fois a-t-elle rêvé qu’il reviendrait ???

Quelques années plus tard, ma grand-mère a rencontré un monsieur, Godel KALMA, déporté également à Auschwitz par le convoi n°33 avec sa femme, Hannah ABRAMOWICZ. Si elle fut exterminée dès son arrivée à Auschwitz, lui a réussi (par quel miracle ?) à revenir à Paris, après avoir fait la marche de la mort entre Auschwitz et Buchenwald, en avril 1945. Son fils, Moszek et sa fille Laja, ont également survécu en étant placés, par les Eclaireurs Israélites de France, l’un dans les centres de jeunesse de Pétain, l’autre dans une ferme.

Godel et ma grand-mère se sont mis en ménage en 1950, après le mariage de Laja. Ma mère avait à peine 10 ans et elle s’est retrouvée à vivre avec un nouveau presque papa et un grand frère de 21 ans.

Pour que l’histoire de ce conte se termine bien, Raymonde et Maurice sont tombés amoureux l’un de l’autre, malgré la différence d’âge ! C’est ainsi que Raiselé s’est mariée avec son Moïshé.

De leur union, sont nées deux filles, Corinne, puis Laurence. Plus tard, ils ont eu la chance et le bonheur de connaitre leurs 4 petits-enfants. Raymonde a même eu la joie de connaître son arrière-petit-fils Dan Maurice.

Voilà le parcours de ma famille qui malgré toutes les horreurs vécues et subies, est toujours sur cette terre. A nous de nous souvenir de nos ascendants qui n’ont pas eu le temps de vivre leur vie, et à montrer à tous les racistes et antisémites, que nous avons pu résister à toute leur haine, et que chaque jour de notre vie, nous sommes debout et pensons à cette folie meurtrière qui heureusement n’a pas pu tous nous anéantir.

Quand j’étais petite, et que j’entendais mes copains d’école me parler de leurs 4 grands-parents, et même pour certains de leurs arrière-grands parents, je me disais « quelle chance ils ont ! Moi, je n’en ai que deux, mais en fait c’est déjà extraordinaire ! »

Photos personnelles de Kalma Apfelbaum convoi 4

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Histoire de Kalma Apfelbaum convoi 4 et sa famille par sa petite-fille Laurence Scebat

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