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Récit d’André Elkouby, fils de Fajwel Frydman convoi 5

André ELKOUBY de Los Angeles nous raconte que ses parents sont d’origine polonaise, ils se sont mariés religieusement en Pologne dans les années 1930, condition sine qua non pour pouvoir quitter le pays. Ils sont arrivés en France vers 1933 et se sont mariés civilement à Paris à la mairie du 20e en 1936.

"Mon père FRYDMAN Fajwel est né le 1er mai 1909 à Varsovie, il était tailleur de profession. Avec l’aide de ma mère Fayga, née le 1er février 1906 à Varsovie, de petits boulots en petits boulots, ils sont vite à Paris à la tête d’un atelier de confection avec des machines et des ouvriers.

Un des oncles de ma mère qui habitait Paris était un célèbre peintre, il a fait cadeau à sa sœur de différentes toiles qui étaient exposées dans le magasin qui était à la même adresse que l’habitation 24 rue des Ormeaux Paris 75020.

Le 1er septembre 1939, est né à l’hôpital Rothschild mon frère Jean-Maurice. Moi j’y suis né le 21 octobre 1941.

Mon père après être passé par le camp de Beaune-la-Rolande a été déporté par le convoi 5 du 24 juin 1942 et n’est pas revenu.

Ma mère n’a pas pu pas continuer à tenir l’atelier en raison des lois anti-juives du gouvernement de Pétain. Elle s’est retrouvée seule avec deux enfants en bas âge et ne parvenait pas à advenir à leurs besoins. Elle a exercé le métier de « forain ». Peut-être a-t-elle essayé de faire du porte-à-porte pour vendre à la commission des articles de textile ?

En fait, c’est madame Claire Heyman, une amie qui travaillait à l’hôpital Rothschild et sa secrétaire, une riche chilienne du nom de Claire Errazurize qui l’aideront à survivre. Madame Errazurize a quitté la France en 1957 ruinée, mais pas au Chili. Une plaque en son honneur a été apposée  sur le mur extérieur de l’hôpital Rothschild. Sa petite-fille a écrit un livre sur le passé de sa grand-mère.

Notre mère a été arrêtée 24 rue des Ormeaux Paris 20ème,  puis déportée via Drancy le 10 février 1944 par le convoi 68 et n’est pas revenue. Elle avait un frère Daniel OKRENT né le 15 novembre 1896 à Cracovie, bijoutier, arrêté à Nice à l’hôtel Busby 38 rue du Maréchal Joffre, survivant du convoi 60 du 7 octobre 1943 (source Mémorial en ligne Stroweis/Klarsfeld)

Mon frère et moi nous avons été pris en charge par la fondation Rothschild, puis placés dans un réseau de résistance.

Après la guerre, nous étions à l’orphelinat Rothschild. Selon la loi, le délai de carence pour l’adoption d’enfants juifs était de 5 ans, pour être sûr que les parents ne reviendront pas. Nous avons attendu 5 ans. En 1950 nous avons été adoptés.

Aujourd’hui nous avons deux pères et deux mères dont nous portons le nom de la famille adoptive. Nous avons été  adoptés par une famille juive algérienne, les Elkouby, une famille merveilleuse qui  nous a donné une éducation pour la vie.

Ils habitaient Paris et possédaient une usine de revêtement de sol et aussi une propriété dans l’Eure. Les parents de madame Elkouby, qui venaient de Mostaganem habitaient au parc Manceau, ils étaient fourreurs.

Quant à nous que sommes-nous devenus ?

Mon frère avait un poste important chez Unilever Paris, il a eu deux garçons qui vivent à Paris. Moi j’avais  en France une entreprise de bâtiment et une boite de nuit.

En 1979 avec mon épouse, nous sommes partis en vacances aux Etats-Unis, en Californie. Elle décida alors de rester à Los Angeles.

Je lui ai proposé d’ouvrir une affaire, nous en avions ainsi une aux Etats-Unis et une autre en France. Elle ouvrit une affaire d’importation de lingerie féminine.

A commencé alors pour moi  à partir de 1980 un va et viens incessant, entre les deux pays, 5 à 6 fois par an.

Nous avons une fille mariée et mère de 2 garçons et une fille et un fils marié père d’un garçon et d’une fille. Aujourd’hui, je vis à Los Angeles, et je suis le seul à être resté français, mon épouse, tous mes enfants, et petits enfants sont Américains

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