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Récit sur la famille de Riwka Goldnadel convoi 14 sources Mémoire vir(e)tuelle

Riwka Kornstabler, épouse Goldnadel, est née le 26 février 1907 à Varsovie. Elle a été la seule de la famille à être déportée. Juive de nationalité polonaise, âgée de 35 ans, elle a été arrêtée par les autorités d’occupation le 14 juillet 1942 dans des circonstances peu précises. On sait juste qu’elle a été arrêtée le même jour que Raphaël et Rywka Augier. Après avoir été transférée au camp d’internement de Pithiviers le 17 juillet, elle a été déportée par le convoi n°14 le 3 août 1942. Ce convoi se composait de 1034 déportés, 482 seront gazés immédiatement après leur arrivée à Auschwitz, sans passer par le camp. 564 personnes ont été sélectionnées dont 22 hommes et 542 femmes. De ce convoi, seules six personnes ont survécu en 1945 : trois hommes et trois femmes.

Riwka était l’épouse de Ber Goldnadel né le 27 février 1904 à Varsovie et de nationalité polonaise lui aussi. Il n’a lui en revanche pas été déporté. Arrivé en France en 1930, il a été désigné comme « marchand ambulant » dans les documents de recensement. Les époux Goldnadel possédaient en fait un magasin de vêtements qui s’appelait « AuCchic de Paris »

D’après les documents retrouvés aux archives départementales, ce commerce, qui est directement concerné par les mesures d’aryanisation économique lancées à l’hiver 1940, a été vendu au début de l’année 1941 à un cultivateur de Maisoncelles-la-Jourdan pour le compte de sa fille, vendeuse en confection : « une vieille famille aryenne du pays, sans une goutte de sang juif dans les veines », d’après le commissaire-gérant chargé de la cession. En février 1941, dans une correspondance du Commissariat de Police de Vire datée du 27 mars 1941, on signale le départ de Ber Goldnadel à Paris (avec une adresse a priori connue des autorités locales). Cependant, étant « tuberculeux », il a été interné par la suite au sanatorium de Dreux.

On peut donc penser que c’est grâce à cela qu’il a échappé aux arrestations. De retour à Vire après la guerre, il s’est remarié et a rouvert son magasin sous la même appellation : d’abord sur le champ de foire – une baraque à l’emplacement n°20 – puis plus tard au 25 rue Chaussée.

Jacques Goldnadel, leur fils, est né quant à lui à Paris, le 24 octobre 1933. Comme son père, il a été signalé sur une liste d’otages potentiels à arrêter, établie par la Feldkommandantur à Caen au mois d’août 1941. Quand sa mère a été arrêtée, il avait huit ans et demi. Il a échappé à cette arrestation grâce à Madeleine Lacroix, employée par le couple Goldnadel. La jeune femme âgée à l’époque de 31 ans, a pris la fuite, se faisant passer pour sa mère et est parvenue à placer le petit garçon en lieu sûr dans l’Orne, puis plus tard dans la Creuse. En 1992, Jacques Goldnadel a fait une démarche auprès de Yad Vachem pour signaler l’histoire de sa mère, afin que sa mémoire soit respectée. Il vit aujourd’hui en Israël. Son ange gardien, Madeleine Lacroix épouse Herbert, a fêté ses cent ans à Vire le 10 mars 2011. Le titre de « Juste parmi les Nations » lui a été solennellement donné le 13 novembre 2011 à titre posthume, au cours d’une cérémonie très digne et remplie d’émotion.

Valentin Guérin et Marion Lechevallier

Ces informations, ainsi que les photos, nous ont été données par la fille de Madeleine  Herbert, madame Rivoallan

Jacques GOLDNADEL

A l’occasion de la remise de la médaille des « Justes parmi les nations » à celle qui lui a probablement sauvé la vie, Jacques Goldnadel revient sur l’histoire de ses parents et sur les circonstances de son sauvetage.

Mes parents Ber GOLDNADEL et Rivka Régine née KONSTABLER sont nés à Varsovie.  Mariés, ils ont immigré en France et résidaient route d’Aunay à Vire. Commerçants en prêt-à-porter, ils avaient un magasin rue Chaussée à Vire avant la guerre… A cette période les déportations visaient surtout les hommes.

Mon père, ayant une santé précaire, a été accepté dans un sanatorium à Dreux où il a séjourné jusqu’à la Libération. Maman tenait le magasin et s’occupait de moi. Un soir, les gendarmes de Vire accompagnés de la Gestapo ont sonné à la porte. Ma mère m’a caché précipitamment et j’entendais apeuré qu’on la questionnait sans ménagement pour savoir où se trouvait mon père. Elle a résisté à l’interrogatoire, ne divulguant pas l’adresse de mon père. A leur départ, ils lui ont dit de bien réfléchir et qu’ils reviendraient le lendemain. Sans perdre de temps, elle a appelé sa vendeuse, madame Madeleine Herbert, et a fait ma petite valise et je suis parti avec cette personne qui m’a conduit dans sa famille, dans une petite ferme chez Monsieur et Mme Papillon (sa sœur et son beau-frère) à Mortrée.

Je suis resté deux longues années n’ayant aucune nouvelle de mes parents. Il y a eu une dénonciation. Je fus une nouvelle fois éloigné et Madame Herbert m’a conduit à Guéret dans la Creuse par le train, prenant beaucoup de risques et me faisant passer pour son fils. Pendant plusieurs années, Mme Herbert et la famille Papillon ont pris des risques au péril de leur vie, car ils hébergeaient un Juif. J’ai appris que ma maman a été arrêtée le lendemain à Vire et internée au camp de Pithiviers puis déportée à Auschwitz. Elle est décédée dans ce camp le 7 août 1942. Elle avait 35 ans.
Je n’ai plus eu de maman à partir de ce jour.

Jacques GOLDNADELoctobre 2011

 

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